Dans des propos belliqueux relayés par des médias proches du Makhzen, le chef de la diplomatie marocaine pense que le ton doit changer vis-à-vis de l’Algérie.
Attention… aux oreilles! Le diplomate cède la place au fantassin. «Le discours royal prononcé (par le chef du gouvernement marocain, Ndlr), devant l’Assemblée générale de l’ONU est une sorte de forte réponse aux ennemis du Maroc, essentiellement l’Algérie dont les positions demeurent haineuses à l’égard de l’intégralité territoriale du Maroc», a déclaré samedi dernier le ministre marocain des Affaires étrangères, lors d’une réunion qui a regroupé les quatre partis qui forment la coalition gouvernementale (PJD, Mouvement populaire, PPS et le RNI) dirigée par l’islamiste Abdelillah Benkirane.
Des propos belliqueux relayés par des médias proches du Makhzen qui interprètent, très justement (Ndlr), le fond de la pensée du porte-voix de Sa Majesté qui a affirmé que «l’Algérie se déchaîne, en haussant le ton contre le Maroc et contre son intégrité territoriale». Qu’insinuait-il exactement? «Le patron du RNI et ministre des Affaires étrangères plaide pour une diplomatie marocaine plus agressive contre…le voisin de l’Est (l’Algérie, Ndlr)», explique sur son site H24info.
«Parlant de l’Algérie, Mezouar a qualifié la diplomatie du pays voisin d’extrémiste…» a souligné la même source. «Pour Mezouar, la diplomatie marocaine devrait changer de ton et laisser de côté sa souplesse habituelle», a ajouté le média pro-marocain. Salah Eddine Mezouar souple! Allons bon! Si l’on en juge par ses dérapages verbaux et ses attaques haineuses contre l’Algérie, il ne reste plus de place qu’aux rafales de Kalachnikovs et au tonnerre des coups de canons.
Ça ne s’arrange décidément pas pour le chef de la diplomatie marocaine. Salah Eddine Mezouar a-t-il décidé de se départir du discours diplomatique pour celui du langage des armes? Ce n’est pas à exclure. Trop à l’étroit dans son habit de diplomate, il est naturellement retourné dans ses pénates pour endosser celui de trouffion. Ses «hauts faits d’armes»? En voici un florilège. «Notre conflit aujourd’hui n’est pas avec le Polisario mais avec l’Algérie» avait tonné, il y a un peu plus de trois mois, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération.
«L’Algérie utilise tous les moyens financiers et logistiques pour contrecarrer les efforts du Maroc visant à trouver une résolution» à cette question, avait déclaré l’ex-ministre de l’Economie et des Finances du gouvernement de Abbas El Fassi (octobre 2007-janvier 2012), qui s’adressait aux membres de deux Commissions parlementaires du Royaume. «La dernière chose a été la désignation de cet envoyé spécial de l’Union africaine. (…) Quand on voit les tentatives du régime algérien pour contrer nos efforts, nous constatons que les méthodes utilisées sont vraiment minables», avait ajouté le président du parti Rassemblement national des indépendants.
Plus virulent et va-t-en guerre, il est revenu à la charge le 4 août dernier dans un entretien au journal Aujourd’hui le Maroc.
«L’Algérie devrait assumer pleinement ses responsabilités dans la recherche de la solution à la hauteur de son implication militaire, politique et diplomatique dans la genèse et le maintien du différend régional sur le Sahara» a-t-il répondu, piqué au vif, au journaliste qui l’avait branché sur la question de la normalisation des relations algéro-marocaines. «La détermination du Royaume du Maroc est inébranlable, face aux gesticulations déplacées, agissements improductifs et joutes verbales infructueuses auxquels l’Algérie nous a habitués», avait ajouté menaçant le chef de la diplomatie marocaine qui avait montré moins de bravoure lorsque des policiers français l’ont contraint d’enlever «sa veste, ses chaussures, chaussettes et sa ceinture», lors d’une escale à l’aéroport Charles de Gaulle.