L’attitude menaçante de l’ONU a provoqué un tollé chez les parties libyennes qui refusent de signer un accord imposé.
L’Algérie a rappelé, une nouvelle fois, hier, son attachement à la résolution de la crise libyenne par la voie diplomatique et le dialogue politique, face à la persistance des rumeurs sur un éventuel recours à la force armée, en cas d’échec de Bernardino Leon de faire aboutir le processus de dialogue onusien. “Nous avons souligné lors de nos concertations précédentes l’urgence d’un règlement politique mettant fin à la crise libyenne et à même de préserver la sécurité et la souveraineté de ce pays”, a rappelé, hier, le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes, Abdelkader Messahel, à l’issue d’une réunion avec ses homologues italien et égyptien, Paolo Gentilloni et Sameh Choukry. Tout en appelant les Libyens à “placer l’intérêt du peuple libyen au-dessus de toute considération”, Abdelkader Messahel a estimé que “le projet (d’accord de l’onu, ndlr) est suffisamment consensuel pour une initiative susceptible de gérer la transition en Libye”, a rapporté l’APS, à l’issue de la rencontre qui s’est tenue au siège du ministère des Affaires étrangères à Alger. Entamées en janvier à Genève, les discussions de paix parrainées par l’ONU ont abouti fin octobre à l’élaboration d’un projet d’accord à Skhirat (Maroc), prévoyant, entre autres, la formation d’un gouvernement d’union nationale. Mais les deux principaux acteurs de la crise libyenne, le Parlement de Tripoli (non reconnu) et le Parlement exilé à Tobrouk (reconnu par la communauté internationale), ont fini par rejeter l’accord, dénonçant la démarche de l’envoyé spécial de l’ONU en Libye et son attitude. Pour les Libyens, Bernardino Leon veut jouer au “tuteur”, ce qui est “inadmissible”, ont-ils dénoncé, menaçant de se retirer du processus de dialogue. Mais les Libyens savent pertinemment qu’ils ne peuvent pas s’offrir le luxe d’interrompre le dialogue politique pour de multiples raisons, au-delà de la pression exercée par la communauté internationale. Le danger de scission du pays et l’expansion de l’organisation terroriste autoproclamée État islamique (Ei/Daech) ne laissent aucune marge de manœuvre aux deux gouvernements libyens parallèles pour aboutir à une solution consensuelle.
“Aujourd’hui, et au vu de l’ampleur et de la gravité des défis sécuritaires qui se posent à la Libye, notamment ceux liés au terrorisme et à la criminalité, il est impératif de parvenir à un consensus entre les partenaires libyens à même de préserver la Libye du chaos”, a averti Abdelkader Messahel. Son homologue italien, Paolo Gentilloni, a tenté, ainsi, de remettre les pendules à l’heure en expliquant que la formation d’un gouvernement d’union nationale est une “décision souveraine relevant exclusivement des Libyens”. Hier soir, Federica Mogherini, la chef de la diplomatie de l’Union européenne, s’est entretenue avec le ministre égyptien des Affaires étrangères au Caire, au sujet de la crise libyenne. La multiplication de ces rencontres diplomatiques a pour objectif d’amener les Libyens à dépasser certaines rivalités personnelles et à oublier momentanément leurs calculs politiques partisans. Une mission qui n’est pas sans difficultés, en raison des grands intérêts en jeu dans ce pays voisin, riche en ressources naturelles.