En l’absence d’une sécurité et d’une autorité réelles aussi bien en Libye qu’en Tunisie pour faire face à la menace grandissante du terrorisme transfrontalier, l’Algérie est plus que jamais interpellée.
Les groupes armés n’hésitent plus désormais à prendre pour cible de hauts cadres de l’Etat, comme ce fut le cas en Libye suite à l’attaque perpétrée contre le Premier ministre et en Tunisie contre le ministre de l’Intérieur. La situation est de plus en plus inquiétante qui a contraint Washington à recommander à ses ressortissants de quitter immédiatement la Libye en raison de la situation imprévisible et instable qui y règne.
Dans ce contexte, le département d’Etat Américain avertit, qu’«en raison de la présomption selon laquelle les étrangers, et notamment les citoyens américains, qui se trouvent en Libye sont liés au gouvernement américain ou à des ONG américaines, les voyageurs doivent être conscients qu’ils risquent d’être enlevés, attaqués ou tués», notant que «le département d’Etat n’a qu’un personnel limité à l’ambassade de Tripoli et n’a que des moyens très limités pour venir au secours de citoyens américains en Libye».
Washington a néanmoins, décidé de déployer un navire d’assaut amphibie avec un millier de soldats du corps des Marines à son bord, à proximité des côtes libyennes pour assurer d’éventuelles évacuations de son ambassade à Tripoli. La même procédure avait été appliquée par l’Algérie auparavant. Elle a décidé, en effet, de fermer son ambassade après la tentative d’enlèvement contre la représentation diplomatique algérienne dans ce pays qui s’engouffre dans une spirale infernale. Le contexte concourt avec une opération militaire lancée par un général à la retraite, Khalifa Hafter, contre les mercenaires et milices armées affiliés à Al Qaîda au Maghreb islamique.
Les troubles, pour des stratèges bien avertis, sont prévus dans la durée et il est pratiquement impossible de parvenir à trouver un consensus pour redresser la situation de plus en plus favorable à la rébellion terroriste.Une action audacieuse qui a poussé l’Algérie à réagir à travers son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui a déclaré que l’Algérie «n’a ni confirmé ni infirmé» l’existence de contacts entre l’Algérie et le général libyen Khalifa Haftar. Le chef de la diplomatie algérienne voulait en fait rappeler le «strict» respect de l’Algérie du «principe de non-ingérence» dans les affaires intérieures des pays. La Libye n’est pas le seul pays qui est pris entre les griffes de la bête immonde, la Tunisie encaisse les affres des attaques presque régulières des groupes d’Ansar Al Charia.
Pas moins de quatre policiers ont été assassinés lors de l’attaque perpétrée contre le domicile du ministre de l’Intérieur tunisien sis à Kasserine au centre-ouest de la Tunisie. Dans un communiqué du ministère de l’Intérieur tunisien on indique: «Une attaque de terroristes à la Kalachnikov a visé la maison du ministre de l’Intérieur à Kasserine, au cours de laquelle quatre policiers ont été tués et un blessé.» Le même communiqué précise: «les assaillants étaient cagoulés et se trouvaient à bord d’un pick-up.» De quoi inquiéter l’Algérie qui a placé ses troupes en alerte maximale maintenant l’état d’urgence au niveau des frontières à l’ombre d’une recrudescence d’actes subversifs.
D’ailleurs, des consultations informelles sur la situation, notamment en Libye ont eu lieu à Alger en marge des travaux du 17ème Sommet du mouvement des pays non alignés entre le ministre des Affaires étrangères libyen et ses homologues des pays voisins, à l’initiative de l’Algérie. Autour de ces consultations informelles étaient regroupés les ministres des AE de la Libye, Algérie, Tunisie, Egypte, Tchad, Niger et le Soudan. Le chef de la diplomatie libyenne rendra compte de la situation sécuritaire qui prévaut actuellement dans son pays, par un exposé, lequel permettra aux participants d’échanger des points de vue et des analyses.
Les consultants s’exprimeront sur la stratégie à développer, les mécanismes à adopter et les moyens susceptibles d’être mobilisés. «Le but est d’abord, selon les parties, d’encourager un dialogue inclusif», souligne le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif. La perspective du dialogue est appelée, selon lui à «favoriser la recherche de solutions aux problèmes sécuritaires et institutionnels, de façon à mettre le pays à l’abri de nouvelles contingences et à le propulser sur la voie d’une stabilité durable, seule à même d’assurer le retour de la paix et la reprise de l’effort d’édification et de développement».
A ce même propos, une deuxième réunion qui a eu lieu hier devait à ce titre permettre d’évoquer les conclusions sur les réflexions des ambassadeurs des pays ayant participé aux consultations informelles. Entre-temps, l’Algérie qui a mobilisé tous les moyens pour sécuriser ses frontières est prête à assister les pays limitrophes en situation de crise, notamment en ce qui concerne la Tunisie, la Libye et le Mali qui n’est certainement pas dans une meilleure situation.
L’échange du renseignement, la coopération et la coordination sont autant de facteurs qui peuvent renforcer la politique de lutte commune que l’Algérie tente de mettre sur les rails. Mais souvent, la bonne foi, l’engagement et la détermination de ces mêmes pays se trouvent confrontés forcément à des ingérences étrangères favorables à la déstabilisation du nord de l’Afrique.