L’Algérie sera-t-il le prochain pays du Maghreb à tomber dans l’islamisme ?

L’Algérie sera-t-il  le prochain pays du Maghreb  à tomber dans l’islamisme ?

En France, on s’inquiète de voir l’Algérie basculer elle aussi dans la tentation islamiste. Les Algériens, s’ils ont traversé discrètement les Printemps arabes sans bouleversement majeur de leur gouvernement, n’accordent cependant guère d’attention aux islamistes.

L’Algérie sera-t-il le prochain pays du Maghreb à tomber dans l’islamisme ? La réponse à cette question que d’aucuns posent avec grande inquiétude en Occident et en particulier en France, pays voisin qui s’inquiète légitimement d’une telle perspective en raison des liens historiques et de proximité géographique qu’il entretien avec l’Algérie, ne se pose pas avec la même acuité et obsession en Algérie dont les préoccupations et les craintes sont ailleurs.

Là-bas, la question qui est sur toutes les lèvres, et qui revient comme un leitmotiv, est celle-ci : quand et comment le chaab (le peuple) va-t-il se débarrasser de cet houkouma (ce gouvernement ou ce pouvoir politique) considéré à la fois comme foncièrement corrompu, impopulaire et dont les hommes sont inamovibles ? L’islamisme « radical » tout comme l’islamisme « pasteurisé », c’est- à-dire domestiqué, n’ont plus le vent en poupe. Le premier a bien échaudé la population quand le second l’a écœuré par ses conduites tout à la fois hypocrite et opportuniste. L’islamisme « maison » que représentent Harkat al islah al watâni (mouvement de la réforme nationale), Jabhât al Adala wa al Tanmiyya (Le Front de la Justice et du Développement) présidé par Jaba Allah ou encore le MSP (Harkat Mujtam’ al –Silm) que dirige Abou Jarra Soltani dont le mouvement détient deux portefeuilles ministériels sur 38 dans le gouvernement et 51 députés au Parlement sur 389, est un islamisme timoré et honni par la majorité de la population tant en raison de ses accointances avec le pouvoir en place qu’en raison de ses pratiques et ses implications dans la corruption.

Quant à l’islamisme radical représenté naguère par le Front Islamique du Salut dissous, il a perdu de son aura, en même temps que les sympathies et la crédibilité qu’il avait auprès certaines franges de la population du temps de son triomphe ( 1988-1991). Même si ce parti dispose encore, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, de partisans actifs, et résolus à poursuivre le combat pour leur réhabilitation, et même si son discours anti- étatique et anti- corruption séduit une partie de la population qui partage avec lui la détestation du régime, elle ne semble guère prête cependant à défendre son projet de République islamique et à lutter contre le pouvoir en place sous cette bannière.

Les Algériens sont trop abreuvés d’islam. Ils n’ont pas besoin d’islamistes radicaux, modérés ou fanatiques, pour subir le matraquage de de l’islam. L’Etat s’en charge. Il n’a pas inscrit seulement dans la Constitution « l’Islam religion d’État », mais il veille aussi à sa promotion et à son respect sur le terrain. Quand la presse française rapporte que les autorités algériennes traquent de plus en plus les buveurs et ferment les débits de boisson alcoolisés, ils n’inventent rien. Depuis plus de quatre ans, en effet, que le gouvernement mène partout des opérations « d’assainissement » de ce type en retirant même l’autorisation initialement accordée a beaucoup de cafetiers et de restaurateurs de servir des alcools.