L’Algérie se prépare à des opérations de type guérilla

L’Algérie se prépare à des opérations de type guérilla

Confronté à un nouveau type de menace terroriste, le ministère algérien de la Défense déploie des troupes le long de la frontière sud et lance des exercices d’entraînement d’un genre nouveau.

L’armée algérienne mène des exercices de simulation de combat en terrain difficile, en prévision d’éventuelles confrontations avec des islamistes armés et des brigades terroristes venus du nord du Mali.

Au vu de la qualité de l’armement dont disposent al-Qaida et le Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), principalement des armes originaires de Libye et prises à l’armée malienne, l’armée algérienne adopte une approche non conventionnelle similaire à un conflit de type guérilla.

L’armée de terre algérienne, les forces aériennes, la gendarmerie nationale et les forces d’opérations spéciales s’entraînent depuis un mois à la manière de conduire des opérations à grande échelle contre les groupes armés, a fait savoir le quotidien El Khabar le dimanche 23 décembre.

Ces manoeuvres, qui font appel à des moyens de communication et à des stratégies modernes, se poursuivront pendant toute une année.

Le ministère algérien de la Défense a mobilisé des forces terrestres dans les provinces du sud en début de mois. Des véhicules militaires et du matériel lourd ont été envoyés dans les provinces frontalières de l’Adrar, de Tamanrasset et d’Illizi.

Le ministère envisage de mettre en oeuvre un plan de protection le long de sa frontière sud avec les pays du Sahel. Cette décision a été prise dans le cadre des dispositions prises par les agences de sécurité nationales en vue d’une éventuelle action armée des forces africaines dans le nord du Mali.

Les agences de sécurité algériennes ont également pris d’autres mesures pour renforcer les contrôles sur la frontière avec le Mali, la Libye et la Tunisie. L’une de ces mesures consiste à s’en prendre aux groupes qui fournissent aux militants des informations, de l’argent et des approvisionnements. Les agences de sécurité ont également imposé un cordon de sécurité dans les zones frontalières pour empêcher les groupes terroristes d’entrer dans le nord du Mali pour y rejoindre les groupes islamistes.

« Les informations dont disposent les agences de sécurité algériennes confirment qu’il existe une relation de coopération et de coordination entre les gangs de trafiquants, les groupes terroristes armés et les mafias de trafic d’armes le long de la bande frontalière entre l’Algérie et la Tunisie », a expliqué le directeur des renseignements des Douanes algériennes, Buanam Majbar.

Les agences de lutte contre le terrorisme ont récemment mis en garde les forces de sécurité aux frontières, l’armée et la gendarmerie contre les trafics d’armes transfrontaliers. Elles ont également appris que le MUJAO cherche à recruter des Algériens défavorisés originaires des provinces du sud en échange de sommes d’argent versées à leurs familles.

« Ces exercices militaires sont destinés à évaluer l’état de préparation des forces de sécurité et leur capacité à répondre aux nouvelles évolutions sur le terrain », a expliqué Taher Ben Thamer, spécialiste de la sécurité, à Magharebia.

« L’armée doit pouvoir répondre à tous les scénarios possibles, notamment à l’hypothèse qu’un nombre important de militants entreront en Algérie en cas de campagne militaire dans le nord du Mali ; cela pourrait constituer une menace réelle pour l’Algérie », a-t-il ajouté.

Les autorités algériennes ont arrêté trente-huit terroristes depuis septembre dernier sur la frontière sud avec le Mali et la Libye. Ces membres d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) sont accusés de trafic d’armes à destination des bastions du groupe et d’activités terroristes.

Mi-décembre, les forces d’opérations spéciales de l’armée ont fait avorter une tentative de la part de recrues d’AQMI d’entrer dans le nord du Mali. Lors de cette opération les forces de sécurité ont mis la main sur des mitrailleuses lourdes, des munitions, des explosifs et du matériel de communication.

Deux jours plus tôt, les forces de sécurité présentes sur la frontière algéro-malienne avaient arrêté six terroristes.

Un appareil militaire les avait repérés alors qu’ils entraient en Algérie en provenance de Mauritanie, pour se rendre dans le nord du Mali.