Mohamed El Ghazi, ministre auprès du Premier ministre, chargé de la Réforme du service public
En mettant en place ce ministère, l’Algérie se dote enfin d’une structure pour lutter efficacement contre la bureaucratie, fléau mortel de notre temps.
Le président de la République en avait fait une de ses priorités. En créant un ministère chargé de la Réforme du service public, l’Algérie se dote, enfin, d’une structure pour lutter efficacement contre la bureaucratie, un fléau ravageur qui n’épargne, ni les citoyens qui sont des millions à en souffrir, ni l’administration. Invité, hier, du forum d’El Moudjahid, le ministre auprès du Premier ministre, chargé de la Réforme du service public, M.Mohamed El Ghazi, a animé une conférence-débat sur ce thème, soulignant, d’emblée, que ce nouveau département revêt une importance cruciale et que c’est pour cette raison que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, l’a mis en place.
Lors de son intervention, l’orateur a beaucoup parlé de bureaucratie, soulignant que c’est un mal endémique dont se plaignent le plus les Algériens. «Que ce soit pour se faire délivrer une pièce d’état-civil ou certifier un document, le citoyen est obligé de patienter parfois de longues heures», a-t-il confié.
Citant de nombreux autres exemples qui, à la longue, ont fini par décourager les citoyens, même les plus téméraires, le ministre a indiqué que ces pratiques malsaines ont aussi un impact sur l’administration et sur sa crédibilité. «Les lenteurs bureaucratiques découragent les citoyens et discréditent l’administration», a-t-il fait savoir. Dans son allocution, M.El Ghazi a précisé que des structures seront installées partout pour recueillir les doléances des citoyens et les aider à régler leurs problèmes. «Nous allons ouvrir des antennes dans toutes les wilayas du pays pour nous rapprocher des citoyens et les aider à régler leurs problèmes d’ordre bureaucratique ou autres.» A ce titre, il a fait remarquer que de nombreux citoyens se sont plaints des agissements des agents affectés aux guichets qui n’ont aucun respect envers les usagers, particulièrement les personnes âgées. «Nous devons corriger toutes ces incohérences qui donnent une très mauvaise image de l’administration, en mettant les agents qu’il faut à la place qu’il faut.» Se voulant plus précis, le conférencier a indiqué que «les agents affectés aux guichets seront formés pour et que même du point de vue vestimentaire, ils seront obligés de porter une tenue plus correcte pour réhabiliter le service public.»
Selon lui, il faut bousculer les vieilles habitudes pour redorer le blason de l’administration, en se débarrassant des parasites et de tous ceux qui, par leur mauvais comportement la discréditent. C’est devenu maintenant à la mode. Des citoyens sont obligés d’acheter parfois auprès du buraliste du coin un document administratif qu’ils n’ont pas pu trouver au niveau de la commune. «Je ne vous citerai pas le nom de l’administration en question, mais je peux vous confirmer, en revanche, que le problème s’est posé au niveau d’un service public contre lequel une plainte a été, d’ailleurs, déposée pour violation des textes de lois en vigueur», a-t-il révélé. Afin de venir en aide aux citoyens retenus par leurs obligations, qui n’ont pas le temps de se rendre à la mairie pour retirer telle ou telle pièce administrative, le ministre chargé de la Réforme du service public a indiqué que des mesures seront prises, obligeant les communes à assurer des permanences au-delà de 17 heures. «Nous planchons sur la question de manière à assurer un service minimum, obligeant les services de l’état civil à ouvrir jusqu’à 19h30», a-t-il déclaré. La commune d’Alger-Centre a, déjà, annoncé la couleur, en ouvrant ses portes au-delà des heures de travail pour faciliter la tâche à ses administrés. Autre réforme, celui du Fichier national de l’habitat pour débusquer les fraudeurs ayant bénéficié d’un logement et qui veulent en avoir un autre. Selon le conférencier, 70.000 bénéficiaires ont tenté de tromper la vigilance de l’administration, en postulant de nouveau à un logement. Il a également évoqué les erreurs de transcriptions de noms qui obligent souvent les citoyens qui en sont victimes à recourir à la justice, pour être rétablis dans leurs droits.
Or, même la justice est parfois impuissante pour statuer sur certaines affaires, comme ce citoyen dont la mère est morte en Arabie Saoudite et qui attend depuis plus de 30 ans qu’on lui établisse un acte de décès! «J’ai frappé à toutes les portes, en vain», a-t-il déploré. Le ministre a dit qu’il prendrait note, de même qu’il s’est engagé à combattre la bureaucratie sous toutes ses formes pour redonner confiance aux citoyens. Y a-t-il de plus absurde que lorsque vous demandez à un citoyen de produire un certificat de nationalité pour renouveler sa carte nationale d’identité?