L’Algérie se dote d’un institut des hautes études de sécurité

L’Algérie se dote d’un institut des hautes études de sécurité

C’est parce qu’elle intervient dans un contexte particulier marqué par la permanence des menaces aux frontières et dans le prolongement des restructurations des services de renseignements, que la création de l’institut des hautes études de sécurité nationale (IHESN) s’annonce comme hautement stratégique pour le pays.

Le projet date, selon certaines sources, de l’époque du défunt président Chadli Bendjedid. Mis sous le boisseau depuis, il vient d’être déterré à la faveur d’un décret président définissant ses missions, son organisation et son fonctionnement. Cet établissement public à caractère administratif, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, dont le siège est fixé à Alger, est «un établissement militaire de formation autonome, assujetti à toutes les dispositions statutaires et réglementaires applicables aux entités similaires et aux dispositions du présent décret », note le texte de ce décret publié dans le dernier journal officiel.

Rattaché à la présidence de la République, chose qui est unique, puisque jusque-là seuls certains organismes en dépendent, comme le HCA, le CDH, ou encore le CSJ, l’institut dont le siège est à Alger est placé sous la double tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le ministère de la Défense nationale, conformément à la réglementation en vigueur. Parmi ses missions : «assurer des formations universitaires de deuxième et troisième cycles en sécurité nationale et en études stratégiques et relations internationales » ; «dispenser des formations continues qualifiantes aux personnels militaires et civils de l’Armée nationale populaire et aux agents de l’Etat » et « contribuer au développement de la recherche scientifique en matière de sécurité nationale et entreprend tous travaux, études, colloques, séminaires, conférences et activités entrant dans ce cadre».

Selon le décret, l’établissement apporte, également, son concours aux organismes militaires et civils dont l’activité se rapporte aux études et recherches en stratégie et relations internationales et peut publier et diffuser le résultat de ses travaux et recherches. Si les dispositions générales et les missions qui lui sont assignés se suffisent de quelques généralités, la question se pose cependant sur l’exhumation d’un tel projet aujourd’hui. Faut-il y voir une volonté des hautes autorités du pays de doter l’Algérie d’un établissement qui forme « l’élite militaire », sous-entendre les hauts cadres, y compris dans le renseignement et les questions relatives à la sécurité ? Ou alors une réponse à un souci pour capitaliser l’expérience acquise en matière de lutte contre le terrorisme et en faire un levier d’influence dans un monde où la menace terroriste s’est globalisée.

En tous cas tel qu’il est décliné, l’institut est appelé à devenir un vivier des cadres du renseignement, puisque au titre des dispositions générales, il est clairement explicité que le « conseiller auprès du président de la République, chargé de la coordination des services de sécurité rattachés à la présidence de la République, désigné ci-après «le coordonnateur », est chargé d’ «orienter l’institut et de veiller à son bon fonctionnement». En d’autres termes, c’est l’actuel patron de la DSS (direction des services de sécurité), le général-Major Bachir Tartag, qui a succédé au général-major, Mohamed Mediene, qui va « orienter » l’établissement. Mieux encore, il hérite même de la prérogative de proposer un directeur général de l’école et dont la désignation se fera par décret présidentiel.

«En matière d’organisation et de fonctionnement, le décret stipule que l’institut est dirigé par un directeur général, nommé par décret présidentiel sur proposition du coordonnateur ». « Il est assisté par un conseil scientifique et pédagogique dans la définition et l’évaluation des activités scientifiques et des programmes de formation. L’institut peut établir des relations de coopération et d’échange avec les organismes spécialisés dans le domaine, nationaux et étrangers, conformément à la réglementation en vigueur au ministère de la Défense nationale », selon les dispositions du décret. A bien des égards, la création de cet institut s’inscrit dans une démarche globale qui intègre les enjeux de l’heure, notamment en matière de renseignement et de sécurité.