L’Algérie rêve d’un pôle touristique d’excellence: Les vérités amères de Nouri

L’Algérie rêve d’un pôle touristique d’excellence: Les vérités amères de Nouri
lalgerie-reve-dun-pole-touristique-dexcellence-les-verites-ameres-de-nouri.jpg

«Nous n’avons pas de baguette magique pour transformer la situation du jour au lendemain.»

Le ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Aménagement du territoire, Abdelouahab Nouri, a adopté, hier à l’occasion de l’ouverture des travaux des Assises nationales sur le tourisme, un discours critique, clair, loin de toute démagogie à travers lequel il a brossé un tableau noir de la situation de son secteur.

Si pour ses prédécesseurs à la tête du ministère, le credo de chaque ministre est: «Tout va bien», pour M.Nouri, il est temps de mettre les points sur les «i», en faisant une évaluation objective des réalisations dans le secteur de tourisme. D’ailleurs, l’objectif principal de ces Assises nationales dont les travaux ont débuté, hier, et se poursuivront aujourd’hui, est d’identifier les dysfonctionnements et les entraves qui empêchent le développement du secteur. «Certes, l’Algérie recèle un potentiel touristique énorme, mais elle souffre d’attractivité. Nous avons passé notre temps à vénérer la beauté de notre pays, mais sans rien faire pour exploiter cette richesse en faveur du développement du tourisme», a-t-il martelé. «Le secteur du tourisme est pour longtemps marginalisé, il fallait que les recettes de l’Etat s’effondrent de 60 à 70%, suite à la chute brutale des cours du pétrole sur le marché international pour que le gouvernement oriente sa politique de développement vers des secteurs vecteurs de richesse dont celui du tourisme», a-t-il ajouté.

Il faut reconnaître, aujourd’hui, que l’enjeu est énorme. «Rééquilibrer la balance n’est pas une mission aisée, nous sommes devenus un pays émetteur de touristes.» Les différents programmes lancés dans cette optique, selon M.Nouri, «n’ont pas servi à résoudre cette problématique, d’où la nécessité de repenser la politique adoptée dans le secteur pour remettre en valeur le potentiel touristique existant, mais aussi de savoir le promouvoir et de savoir le commercialiser».

LG Algérie

Le ministre du Tourisme a appelé l’implication des autorités locales dans le développement de leur région en accordant des facilitations et d’accompagner les opérateurs désireux d’investir dans le domaine. «Tous les acteurs sont appelés à contribuer au développement du secteur, à leur tête les autorités locales qui sont les premiers responsables de développement de leur région en jouant leur rôle primordial dans le lancement de la machine touristique en panne», a-t-il appelé.

Sur le même volet, M. Nouri, a évoqué les problématiques posées avec acuité par les responsables des agences de voyages, notamment celles liées à la délivrance des visas, les prestations de service et également les transferts de fonds. Selon ce dernier, le retard dans la délivrance des visas est due essentiellement à la situation sécuritaire dans laquelle se trouve la région, qui a imposé «aux autorités compétentes de prendre plus de temps dans la délivrance des visas d’entrée sur le sol algérien», a-t-il tenté d’expliquer.

Le chiffre d’investissement avancé par le ministre du Tourisme qui est de 664 milliards de dinars pour la réalisation de 1548 projets d’une capacité d’accueil de 194.916 lits n’a pas de trace sur le terrain. Actuellement, seulement 511 projets sont en cours de réalisation, ce qui laisse dire que le rêve de faire de l’Algérie un pôle touristique d’excellence n’est pas pour aujourd’hui: «Nous n’avons pas de baguette magique pour transformer la situation du jour au lendemain.»

«Se baser sur l’infrastructure sans la formation de la ressource humaine n’est qu’un coup d’épée dans l’eau, il faut reconnaître que la situation du secteur du tourisme est encore loin des objectifs escomptés», a-t-il précisé avant d’ajouter: «Nous sommes encore loin, la vérité c’est que nous sommes encore loin par rapport à nos voisins, le client dépense d’énormes sommes d’argent pour un service médiocre, pour cela il faut se baser sur la formation d’une ressource humaine capable de relever le défi à venir.»

Pour ce qui est du schéma directeur de l’aménagement des zones touristiques, le ministre du Tourisme a fait savoir que «le projet datait de 1988, à ce jour rien n’a été fait dans ce sens», en appelant les responsables de son secteur à prendre les mesures nécessaires pour la relance du programme en question. Pour ce qui est du travail des agences de tourisme, la commercialisation de l’image de l’Algérie à l’étranger, le ministre du Tourisme a affirmé que de nouvelles facilitations leur seront accordées afin de leur permettre d’exercer leur métier dans la sérénité. «Imaginez-vous le désagrément causé aux responsables des agences de voyages. Nous avons aujourd’hui plus de 1800 agences de voyages dont les responsables ont été obligés de renouveler leur agrément tous les trois ans, c’est inacceptable.»