Il était grand temps ! N’en déplaise à ceux qui caressent dans le sens du poil, l’Algérie a tourné le dos à l’Afrique depuis bien longtemps.
Sa diplomatie a perdu la boussole au point que nous avions presque oublié que notre pays appartenait à ce grand continent avec lequel nous partageons pourtant l’histoire et la géographie.
Que le nouveau ministre des affaires étrangères choisisse son premier voyage officiel en Mauritanie dans le cadre dans un petit périple qui le mènera au Niger et au Mali notamment est en soi une bonne nouvelle. Cela fait bien longtemps qu’un ministre algérien des affaires étrangères ne s’est pas rendu dans un pays africain mis à part à des occasions officielles comme les conférence du NEPAD ou de l’Union africaine.
Ramtane Lamamra vient de changer cette mauvaise habitude qui consiste pour les officiels algériens à regarder toujours vers le nord ; vers l’Europe. C’est assurément un signal fort qu’envoie le MAE qui justifie par là même son encrage africain lui qui a roulé sa bosse dans le contient noir. Et c’est aussi un retour aux sources pour un homme dont le talent et la finesse diplomatique lui ont permis de trôner pendant deux mandats à la tête du très sensible Haut Commissariat de la paix et la sécurité au sein de l’UA.
Assez de tropisme occidental…
C’est donc sur un terrain qu’il connait assez bien que Ramtane Lamamra évolue ces jours-ci, histoire de marquer son territoire. C’est une façon de signifier un rééquilibrage stratégique de la diplomatie algérienne qui a trop souffert de son tropisme occidental. Les pays africains ont dû remarquer cet éloignement de l’Algérie appelée jadis «la Mecque des révolutionnaires» par le célèbre dirigeant anti colonialiste Amilcar Cabral.
Le fait est que l’ex MAE, Mourad Medelci a fait quasiment tour du monde plusieurs fois sans juger utile de faire une halte quelque part en Afrique. Or, la crise au sahel qui se trouve être la profondeur stratégique de l’Algérie clignotait comme un SOS. C’est un fait que notre pays s’est fait doublé dans la crise du Sahel. Après avoir tablé vainement sur les terroristes d’Ansar Dine au Mali , il a dû laisser le champ libre au modeste Burkina Faso pour assurer la médiation dans ce conflit.
Un réajustement diplomatique vital
L’Algérie était certes à l’origine de la création des «pays du champ» et de de la fameuse coordinations des états major des armées du sahel (CEMOC) mais l’implication de cette structure a été quasi nulle durant la guerre au Mali. Les maliens ont vite fait d’accueillir l’armée française en «libératrice» au détriment d’une «solution politique» impossible avec les criminels du MUJAO, Al Qaida et Ansar Dine.
A quelque chose malheur est bon; l’Algérie est mise en demeure de réajuster sa politique étrangère de sorte qu’elle ne sacrifie pas les nouveaux impératifs de sécurité nationale sur l’autel d’une doctrine diplomatique sensiblement un peu vieux jeu… Il faut croire que cette première tournée de Ramtane Lamamra au Sahel soit l’amorce d’un…retour de l’Algérie en Afrique. Bien que ce constat puisse paraître affligeant pour les responsables et les partisans du tout va bien, il n’en est pas moins vrai.
L’Algérie a trop perdu de son aura en Afrique et il est temps d’aller reprendre le terrain. La nature ayant horreur du vide, le Maroc a opportunément investi le continent noir à coup d’investissements et de visites même du roi. Résultats beaucoup de pays ont changé de position sur la cause sahraouie par exemple. Les intérêts étant le moteur des relation internationales, l’Algérie dipose de solides atouts lui permettant de s’imposer comme la voix de l’Afrique.