L’Algérie restera pour longtemps, avec la Russie et le Qatar, l’un des trois grands fournisseurs de gaz pour l’Europe. La déclaration est du ministre russe de l’Energie, Sergueï Chmatko.
Il l’a faite hier lors d’une conférence de presse organisée à l’issue d’une rencontre ministérielle du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG). «La Russie, l’Algérie et le Qatar resteront les principaux fournisseurs de gaz pour l’Europe», a-t-il détaillé, selon Ria Novosti, reprise par des agences de presse dont TSA. Cette affirmation rejoint, à quelques nuances près, une appréciation récente du ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi qui a souligné que l’état actuel du marché gazier en Europe, avec une offre abondante de la Russie et l’arrivée d’autres fournisseurs sur ce marché très porteur et où la demande est constante, «n’est pas de nature à mettre en danger les exportations de gaz algérien». Le ministre russe a, par ailleurs, ajouté que la production de gaz schisteux aux Etats-Unis avait pratiquement atteint ses limites et que son pays «ne prenait pas au sérieux les possibilités de transport de gaz de l’Amérique vers l’Europe».
Le marché gazier européen a été ouvert à la concurrence, début des années quatre-vingt dix, les Européens voulant intégrer de nouveaux fournisseurs, fluidifier davantage le marché. Simplement, cette libéralisation ne fonctionne pas comme ils le souhaitaient, des pays européens n’ayant pas encore transposé dans leur législation nationale, toutes les clauses se rapportant à cette ouverture. Du coup, certains marchés demeurent hermétiques, d’autres le sont moins, une situation qui a créé plus de problèmes aux pays gaziers (les fournisseurs traditionnels) qu’elle n’en a résolus.
L’Europe ne veut plus, par exemple, des contrats à long terme, recourant au marché spot, et de manière systématique. Cette manière de faire, ajoutée à d’autres facteurs ont fait que les prix du gaz ont considérablement chuté, ces dernières années. Youcef Yousfi, a souligné, depuis Moscou, que la formule des contrats à long terme «a donné satisfaction aussi bien aux producteurs qu’aux consommateurs». «Nous ne pensons pas qu’il y a lieu de changer cette formule», a-t-il ajouté. La demande mondiale en gaz a chuté de 2,1% en 2009 en raison de la crise financière mondiale, selon un rapport du Forum international de l’énergie et de l’Union internationale de l’industrie du gaz pour qui cette industrie nécessiterait des investissements de quelque 7 100 milliards de dollars durant les 25 prochaines années. La contraction de la demande, tout comme les prix du gaz, les différentes réunions que le FPEG a tenues n’ont pas réussi à y changer grand-chose, car les membres de cette organisation naissante ne regardent pas dans la même direction, n’ont pas la même conception des enjeux à venir. Et, la dernière rencontre en date organisée ce week-end, par cette structure en Russie, ne pourrait pas déboucher sur quelque chose de spectaculaire. Les participants à la rencontre du FPEG ont évoqué notamment les questions relatives au transport de gaz dans le monde, selon le ministre russe. «Ces questions deviennent de plus en plus pertinentes […] et nous avons l’obligation d’étudier le domaine du transport de gaz», a-t-il affirmé.
Le FPEG a été institué en 2001 à Téhéran. Il regroupe la Russie, l’Iran, le Qatar, le Venezuela et l’Algérie. La septième rencontre ministérielle du FPEG, qui s’est tenue en décembre 2008 à Moscou, a doté le Forum d’une structure administrative et d’une charte qui en ont fait une organisation internationale à part entière. Son siège se trouve à Doha (Qatar). Le FPEG, certains pays européens y voyaient, à tort, une forme
d’organisation destinée à influer sur les prix.