Le gouvernement algérien a pris ces derniers jours des mesures supplémentaires pour assurer la sécurité des estivants. Mais cette année, cette vigilance extrême suscite la colère de certains habitants.
Les opérations de police baptisées « Plan Delphine » et « Plan bleu » ont été lancées dans tout le pays, et des barrages routiers fixes et mobiles ont été mis en place pour filtrer le trafic.
Il y a dix jours, un double attentat suicide à Bordj Menaiel, à l’est d’Alger, a tué un policier et un employé municipal, obligeant le gouvernement à accentuer les mesures de sécurité.
L’accès aux grandes villes est ainsi rendu plus difficile, par suite du fort ralentissement de la circulation durant toute la journée. Les embouteillages s’étirent à perte de vue.
Mohamed, employé dans une banque dans le centre d’Alger, explique qu’il lui a fallu une heure pour effectuer un trajet qui dure habituellement dix minutes, par suite des encombrements.
« J’habite à Bab Ezzouar, à 10 kilomètres de mon lieu de travail, mais les deux barrages fixes déployés sur l’autoroute à hauteur du quartier des Bananiers et un peu plus loin à hauteur d’El Hamma, nous imposent à tous de rouler pare-choc contre pare-choc », se plaint-il.
Le responsable de la sécurité nationale algérienne (DGSN) Abdelghani Hamel a déclaré le 12 juillet que « aucune instruction spéciale ne sera donnée à l’occasion du mois sacré ».
Mais les mesures de haute sécurité sont visibles partout. Les policiers limitent le flux du trafic et fouillent scrupuleusement les usagers de la route à l’aide de détecteurs d’explosifs portables.
Les avis des conducteurs de véhicules sont partagés. Si certains affirment être las des embouteillages, d’autres disent se sentir en sécurité et estiment que ces mesures sont justifiées, au vu des dangers que représentent les groupes terroristes.
Mouloud se plaint que ses déplacements entre Alger et Tizi-Ouzou prennent parfois « quatre heures de temps, contre une heure auparavant en raison de la multitude des barrages érigés sur l’autoroute ».
« C’est le prix à payer pour limiter le danger de l’insécurité, même s’il ne l’élimine pas complètement », dit-il à Magharebia.
Dans les centres villes, des unités mobiles patrouillent dans les rues, et des caméras de surveillance et des radars ont été installés dans le centre d’Alger.
Dans les stations balnéaires, les gendarmes assurent la sécurité des estivants qui visitent la côte algérienne.
Les plages font également l’objet d’une surveillance rapprochée. Des policier habillés en uniforme vert et portant des mitraillettes arpentent les plages, un décor coutumier pour les touristes.
« Nous nous sentons plus en sécurité en présence des gendarmes », déclare Sabiha, venue en vacances dans la ville littorale de Sidi Fredj. « C’est normal qu’ils soient là, la sécurité n’est pas rétablie à 100 pour cent dans le pays, et même si c’était le cas, les familles sont protégées des agissements des délinquants. »
Au total, 800 gendarmes ont été déployés le long des plages pour garder un oeil sur les baigneurs, et 15 nouveaux points de contrôle ont été mis en place autour d’Alger.
Le colonel Mostafa Tayebi, chef de la Gendarmerie nationale à Alger, a expliqué que tout est fait pour assurer la sécurité de la capitale et de ses visiteurs.
« Notre intervention au niveau de tous les sites se fera en temps réel pour la quiétude des estivants », a-t-il promis.
Un numéro d’appel gratuit a été mis en place pour signaler tout incident suspect. Le public peut appeler le 1055 pour que les gendarmes arrivent immédiatement.
Le Plan bleu prévoit le déploiement de 24 000 policiers et la mise en place de 2 000 barrages fixes dans la capitale. Cette stratégie vise non seulement à lutter contre le terrorisme, mais aussi à dissuader toute activité délinquante.