L’Algérie renforce sa sécurité à la frontière libyenne

L’Algérie renforce sa sécurité à la frontière libyenne

Face aux inquiétudes de voir al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) acquérir des armes en Libye, l’armée algérienne a lancé une vaste opération de surveillance et de sécurité le long de cette frontière commune.

Le quotidien El Khabar a fait savoir, dans son édition du mardi 29 mars, que les responsables militaires algériens se sont réunis à Djanet pour discuter de l’état de préparation de l’ANP en vue d’éventuels problèmes de sécurité le long de la frontière avec la Libye. Le ministère de la Défense a chargé les commandants des régions d’Ouergla et de Tamanrasset de la surveillance des questions sécuritaires et humanitaires liées à l’afflux de réfugiés.

« La frontière avec la Libye est devenue une menace pour la sécurité de l’Algérie », a déclaré le ministre de l’Intérieur Dahou Ould Kablia lors d’une réunion samedi avec de hauts dignitaires et chefs de tribus des provinces du sud. Le ministre leur a demandé d’aider les autorités à empêcher toute infiltration de personnes transportant des armes en provenance de Libye.

Ould Kablia a confirmé que « l’armée algérienne a pris des précautions pour empêcher l’entrée d’éventuels éléments armés », ajoutant que les tribus du désert avaient affirmé vouloir aider les autorités nationales dans la défense du pays.

« Nous avons récemment assisté à des tentatives d’infiltration par des personnes peu recommandables », a déclaré le ministre. Il a souligné que l’armée avait dernièrement réussi à éliminer un terroriste qui tentait de franchir la frontière algéro-libyenne.

L’Algérie craint que les terroristes puissent exploiter la crise en Libye pour mener des attaques. Ces craintes se sont intensifiées parce qu’AQMI pourrait avoir la possibilité d’acquérir un armement lourd dans les casernes militaires, ou de récupérer les armes abandonnées par les mercenaires venus combattre aux côtés de Mouammar Kadhafi avant de rentrer chez eux.

La crise en Libye « aura une incidence sur la capacité de l’Algérie à mener des actions antiterroristes », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci lors d’une conférence de presse organisée jeudi.

« Cette question nous préoccupe au plus haut point, du fait de la dissémination de quantités importantes d’armes. Elle nous inquiète parce que, d’abord, ces armes sont utilisées par les Libyens pour s’entretuer, et deuxièmement, parce qu’une telle dissémination d’armes en Libye pourrait inciter d’autres parties à vouloir s’imposer et à commettre des opérations terroristes qui, comme chacun le sait, nécessiteront des efforts concertés de tous les pays pour les combattre efficacement », a déclaré le ministre.

Selon l’expert en matière de sécurité Rabah Hedef, la rencontre du ministre de l’Intérieur avec les responsables touaregs et les dignitaires des provinces du sud « reflète la crainte des autorités algériennes de voir AQMI recruter éventuellement de jeunes Touaregs pour faire passer des armes depuis les dépôts des forces armées libyennes ».

Il a ajouté que les autorités algériennes souhaitent « mettre en place une barrière de sécurité avec l’aide des habitants des régions du sud, pour empêcher l’éventuelle pénétration de groupes terroristes dans le sud, au vu de la dégradation de la situation en Libye, notamment dans la mesure où les tribus de ces régions connaissent parfaitement les spécificités des lieux et leurs ramifications ».

Hedef a souligné que l’Algérie serait négativement affectée si la guerre s’étendait ou si une armée étrangère devait intervenir, ajoutant que toute incursion de la sorte entraînerait un afflux de milliers de réfugiés et un trafic d’armes de Libye en Algérie. Il a également précisé que malgré ses quelque mille kilomètres de long, la frontière algéro-libyenne restait relativement sûre.

Le professeur de relations internationales Mohmed Mebarki a déclaré que « la situation en Libye a encore aggravé le vide sécuritaire dans cette région, et la frontière libyenne est désormais plus exposée et plus facile à pénétrer et à utiliser pour les trafic d’armes, de drogues et pour l’immigration clandestine ».

Il a reconnu que la situation actuelle nécessite des mesures de sécurité le long de la frontière, ainsi qu’une surveillance et des reconnaissances continues, et qu’il était indispensable de mobiliser les différentes forces de sécurité. Il a ajouté que les dignitaires de la région devraient également être tenus au courant de la situation actuelle et des dangers que représentent les organisations terroristes et criminelles, qui pourraient représenter la plus grande menace pour la sécurité dans la région sud.