En prévision d’une éventuelle intervention militaire ouest-africaine dans le nord du Mali, l’Algérie renforce la présence de ses troupes sur une frontière sud très agitée
Les autorités algériennes renforcent la sécurité le long des frontières méridionales du pays. Cette initiative intervient alors que la communauté internationale se prépare à répondre à la crise au Mali.
‘Notre armée et nos forces de sécurité ont pris toutes les mesures nécessaires », a déclaré le Premier ministre Abdelmalek Sellal lors de la séance parlementaire du mercredi 17 octobre.
« Nous disposons de troupes bien entraînées, et aucune menace ne viendra porter atteinte à notre territoire national’, a-t-il ajouté. « L’armée a été déployée pour sécuriser les frontières. »
Quant à la situation au Mali, le chef du gouvernement a expliqué : « L’Algérie veut éviter d’avoir un repaire de terroristes à ses frontières ». Le pays ne veut pas d’un « sanctuaire de l’insécurité », ajoutant que la position algérienne sur le Mali était « très claire ».
L’Algérie craint les retombées d’une éventuelle campagne militaire dans le nord du Mali. La région souffre déjà de centaines de milliers de personnes déplacées, et d’un afflux de djihadistes étrangers.
Face à l’instabilité au Mali et en Libye, l’Algérie a donc décidé de renforcer sa sécurité. Le général Ahmed Boustila, commandant de la Gendarmerie nationale, a effectué mercredi des visites sur le terrain dans plusieurs provinces du sud du pays, notamment à Ouargla, El Oued et Ghardaïa. La veille, il s’était rendu dans la province frontalière de Tamanrasset.
En mars dernier, des terroristes basés au Mali provenant du Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’ouest (MUJAO), issu des rangs d’al-Qaida, avait mené une opération suicide visant le siège de la Gendarmerie nationale à Tamanrasset.
Selon un communiqué du commandement de la gendarmerie, au cours des neuf premiers mois de l’année, dix-sept nouvelles unités ont été formées et déployées dans les provinces bordant la Libye. De plus, treize nouveaux centres ont été inaugurés ce mois-ci pour abriter des unités de la gendarmerie dans les provinces jouxtant le Mali.
Le ministère de la Défense prend également des mesures pour renforcer la sécurité aux frontières aux termes d’accords passés avec les pays de la région. Les frontières sont en permanence couvertes par des unités terrestres spécialisées dans les opérations de guérilla, aux côtés de plusieurs régiments des forces spéciales. L’annonce en a été faite après une rencontre au Niger en début de mois, à laquelle participaient des responsables militaires et des officiers des renseignements venus d’Algérie, du Mali, du Niger et de Mauritanie.
Le ministère algérien de la Défense a également mis en place une cellule opérationnelle chargée de suivre les développements de la situation au Mali.
Le quotidien El Khabar a indiqué que le chef d’état-major des armées avait installé cette cellule à Tamanrasset, pour suivre les activités des djihadistes dans le nord du Mali. Elle s’appuie sur de nombreuses sources de renseignement, fournissant aux armées de la région des informations préliminaires sur la situation.
Ces mesures coïncident avec le lancement d’une opération sécuritaire destinée à démanteler les réseaux de soutien au tawhid et au djihad dans les provinces les plus éloignées du sud algérien. Quatre hommes ont été arrêtés le 14 octobre dans la région de Bordj Badji Mokhtar, dans la wilaya de Tamanrasset, et accusés d’avoir apporté un soutien à ce groupe terroriste. Des unités de l’armée ont également lancé plusieurs opérations dans des maisons appartenant à des personnes soupçonnés d’entretenir des liens avec les terroristes.