L’Algérie a franchi une étape significative dans son processus d’intégration régionale en rejoignant officiellement le Système Panafricain de Paiement et de Règlement (PAPSS), une initiative clé portée par l’Union Africaine et la Banque africaine d’import-export (Afreximbank). L’annonce a été faite ce vendredi par la plateforme PAPSS elle-même, confirmant l’adhésion de la Banque d’Algérie à ce système unifié de paiement destiné à révolutionner les transactions commerciales sur le continent africain.
Cette décision s’inscrit dans la stratégie nationale de diversification économique et de renforcement des échanges commerciaux intra-africains, en adéquation avec les objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Elle marque également une volonté claire de la part de l’Algérie d’accélérer son intégration financière régionale et de se positionner comme un acteur économique majeur en Afrique.
Qu’est-ce que le PAPSS ? Un levier pour booster les échanges intra-africains
Le PAPSS (Pan-African Payment and Settlement System) est une infrastructure financière continentale lancée officiellement en janvier 2022. Sa vocation principale est de permettre des paiements instantanés et sécurisés en monnaie locale entre les pays africains, sans avoir à passer par des devises internationales comme le dollar ou l’euro. Concrètement, il s’agit d’une plateforme centralisée qui connecte les banques centrales, les banques commerciales et les prestataires de services de paiement à travers toute l’Afrique, réduisant ainsi les délais et les coûts liés aux transactions transfrontalières.
Jusqu’à présent, les échanges commerciaux intra-africains étaient largement freinés par la complexité des opérations de paiement, les délais longs et les frais élevés imposés par les circuits bancaires internationaux. Selon certaines études, plus de 80 % des paiements entre pays africains passaient encore par des banques situées en dehors du continent. Le PAPSS vise à mettre fin à cette dépendance, en offrant une solution rapide, efficiente et moins coûteuse.
Grâce à ce système, les entreprises algériennes pourront désormais effectuer des paiements directs en dinar algérien à destination d’autres pays africains, tandis que leurs partenaires recevront l’équivalent dans leur propre monnaie locale, via une compensation réalisée par les banques centrales membres. Cela permet d’éviter les pertes de change, de réduire les besoins en devises fortes et de fluidifier les transactions commerciales.
Pourquoi cette adhésion est cruciale pour l’Algérie ?
En intégrant le PAPSS, l’Algérie ouvre de nouvelles perspectives à ses exportateurs et investisseurs, notamment dans des secteurs porteurs comme l’agriculture, les industries agroalimentaires, les matériaux de construction, les produits pharmaceutiques ou encore les services. Cette initiative devrait également stimuler les échanges avec les pays africains voisins, en facilitant les opérations commerciales, les paiements de services et les investissements conjoints.
L’adhésion au PAPSS vient également renforcer la position de l’Algérie dans les négociations économiques continentales, en lui permettant de jouer un rôle plus actif au sein de la ZLECAf, qui vise à créer le plus grand marché unique du monde, regroupant 1,3 milliard de consommateurs.
Au-delà de la facilitation des transactions, le PAPSS permet également une meilleure traçabilité financière, favorise la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement illicite, tout en renforçant l’autonomie financière de l’Afrique vis-à-vis des circuits traditionnels dominés par les institutions extra-continentales.
Cette intégration est donc un levier de souveraineté économique pour l’Algérie, tout en étant un outil d’accélération du commerce et de la coopération sud-sud.