L’Algérie refuse de laisser ses citoyens faire le djihad en Syrie

L’Algérie refuse de laisser ses citoyens faire le djihad en Syrie

Le nombre de jihadistes algériens allant combattre en Syrie pour le compte de Jabhat al-Nusra, affilié à al-Qaida, et pour d’autres groupes est tombé à moins de trente, selon les services de sécurité algériens.

Ce nombre de combattants algériens est l’un des plus faible au Maghreb et dans le monde arabe.

Les services de sécurité s’attendaient à une augmentation du nombre d’Algériens prêts à rejoindre l’opposition armée en Syrie, en particulier après les appels au jihad lancés par certains imams. Or, c’est l’inverse qui s’est produit.

Le principal facteur dans cette forte baisse du nombre de combattants en partance pour la Syrie tient à l’infiltration et au démantèlement des cellules de recrutement, a expliqué une source proche des services de renseignement algériens au quotidien El Watan le 20 septembre.

Un autre facteur a été le refus d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) d’apporter son soutien au jihad en Syrie. Le mouvement considère en effet comme “illégitime” la lutte de jihadistes nord-africains en Syrie, par suite des fronts déjà ouverts en Algérie et dans le nord du Mali.

S’y ajoute la question de la discrimination. Les jihadistes arabes non-syriens sont suspects, au point que les commandants sur le terrain refusent de leur confier des responsabilités.

Il n’y a pas que les chiffres du recrutement qui soient en baisse. Le nombre d’Algériens tués en Syrie est également faible par rapport au nombre de tués originaires d’autres pays du Maghreb, en particulier tunisiens et libyens.

Outre la campagne sécuritaire destinée à traquer les réseaux de recrutement, les prédicateurs et les théologiens ont lancé de nombreux appels demandant aux jeunes de ne pas se laisser duper par les fatwas appelant au jihad en Syrie.

“Ce soi-disant jihad en Syrie est en réalité un combat séditieux”, a expliqué Cheikh Chemseddine lors d’un appel lancé sur une chaîne de télévision privée.

Il a également critiqué le “jihad annikah”, où des femmes et des filles originaires de Tunisie et d’autres pays partent en Syrie pour y jouer le rôle de femmes temporaires pour les insurgés.

Cheikh Chemseddine a expliqué que la religion ne permet pas ce “mariage du jihad”, ajoutant qu’il le considérait comme “un véritable adultère”.

Il a appelé les responsables religieux tunisiens de la mosquée de Zaitouna à condamner cette pratique, à dire la vérité et à empêcher les jeunes Tunisiennes de tomber dans le péché par suite de fatwas très douteuses.

Rabeh Hadef, journaliste spécialiste des mouvements islamiques, a attribué la baisse du nombre de jihadistes en partance pour la Syrie au “manque de conviction quant au caractère légitime du jihad dans ce pays”.

“Chacun suit ce qui s’est passé en Tunisie et en Libye, et les gens ont entendu les histoires parlant de corps de jihadistes non-syriens brûlés”, a-t-il expliqué à Magharebia.

“Nombre de jihadistes prêts à partir pour la Syrie y réfléchissent maintenant à deux fois avant de se lancer dans cette aventure”, a-t-il ajouté.

Pour sa part, le spécialiste militaire Taher Ben Thamer impute cette baisse aux succès enregistrés par les services de sécurité dans le démantèlement des cellules de recrutement jihadistes.

“La surveillance menée par les services de sécurité et les contrôles à la frontière orientale ont contribué de manière importante à la baisse du nombre de jeunes partant en Syrie via la Libye, puis la Turquie”, a-t-il ajouté.