Le double attentat terroriste perpétré hier en Libye illustre le danger que Daech fait peser sur ce pays et les pays de la région, dont l’Algérie.
Cette organisation terroriste, qui a revendiqué l’attentat kamikaze tuant six personnes dont un bébé, dans la ville pétrolière de Ras Lanouf, dans l’est de la Libye, est soupçonnée d’être l’auteur du carnage perpétré contre le centre où des gardes-côtes suivaient une formation à Zliten, à 170 kilomètres à l’est de Tripoli. L’attentat, perpétré par un kamikaze qui a fait exploser un camion-citerne bourré d’explosifs, a fait plus de 50 morts.
Ces tueries ont lieu au moment où les deux gouvernements rivaux libyens s’apprêtent à mettre en application, sous l’égide de l’ONU, l’accord qui devrait aboutir à la paix dans ce pays. Daech, qui œuvre contre tout accord qui peut ramener la paix en Libye, cible le croissant pétrolier libyen. Cette organisation terroriste, dont les convois de transport de pétrole sont bombardés en Syrie et en Irak où l’armée irakienne a repris la ville de Ramadi occupée par Daech, tente d’accaparer le pétrole libyen.
Le pétrole étant une source de revenus financiers pour Daech, celui libyen est convoité par cette organisation terroriste qui occupe une partie de la Libye, où sont planifiés des attentats ciblant d’autres pays.
L’Algérie avait révélé que les auteurs de l’attaque terroriste contre le complexe gazier de Tiguentourine étaient venus de Libye. Quant à elle, la Tunisie a annoncé, il y a quelques mois, que les explosifs utilisés dans l’attaque perpétrée dans la capitale, Tunis, contre la garde présidentielle, étaient acheminés de Libye. Le chaos dans ce pays depuis la « révolte » en 2011, profite à Daech et inquiète les pays de la région.
L’Algérie, qui œuvre pour une solution pacifique et politique entre les protagonistes libyens dans le but de la formation réinstauration de la paix dans ce pays et la d’un gouvernement qui affronterait Daech, a fermé ses frontières avec la Libye, dans le but d’empêcher tout accès aux terroristes en Algérie et empêcher la répétition de l’attaque de Tiguentourine. Ces frontières sont rouvertes pour les cas humanitaires. La Tunisie, qui a érigé un mur le long de ses frontières avec la Libye, les a fermées provisoirement avec ce pays au lendemain de l’attaque contre la garde présidentielle.
Daech, qui tente de reproduire les scénarios syrien et irakien en Libye, compterait quelques milliers de terroristes de différentes nationalités dans ce pays. Les éléments de cette organisation terroriste, qui fuiraient les frappes aériennes en Irak et en Syrie, tenteraient de se rendre en Libye, d’où la nécessité de formation d’un gouvernement de consensus libyen. Le chaos en Libye ne profitant qu’à Daech.
L’Algérie, qui possède des champs pétroliers, peut être une cible privilégiée de la tentative d’extension de Daech. Notre pays, qui compte quelque 1 000 kilomètres de frontière avec la Libye tente de faire face à ce défi et a déployé d’importants contingents de l’Armée nationale populaire le long des frontières avec la Libye et encouragé la lutte contre la radicalisation.
Les terroristes recourent aux discours radicaux pour « enrôler » des jeunes de hameaux et populations souffrant de conditions de vie défavorables. D’où la nécessité d’engager une importante relance économique au bénéfice de ces hameaux et populations.
Inquiétudes occidentales
L’ONU s’efforce de mettre en place un gouvernement d’union et M. Kobler a souligné la nécessité pour le Parlement légitime d’approuver rapidement sa formation, prévenant que tout retard profiterait à l’EI. Un accord prévoyant un tel gouvernement a été signé sous l’égide de l’ONU le 17 décembre par des membres des deux Parlements rivaux, et doit être entériné avant le 17 janvier.
Après avoir condamné l’attentat, l’Union européenne, la France et l’Italie ont de nouveau incité les Libyens à s’unir face « au terrorisme » et à appliquer d’urgence l’accord politique. Les Occidentaux poussent les Libyens à former un seul gouvernement, qu’ils pourront soutenir face aux djihadistes.
L’EI compte environ 3 000 éléments en Libye, selon Paris. Les Occidentaux redoutent que le groupe s’enrichisse en prenant le contrôle des hydrocarbures, déstabilise l’Afrique sur le flanc sud, et exporte des djihadistes vers l’Europe.
Pour l’expert libyen Mohamed Eljarh, du Centre Rafic-Hariri pour le Moyen-Orient basé à Washington, il est peu probable que l’attentat de Zliten favorise les efforts d’unité. « Cela n’a pas été le cas dans le passé, même quand l’EI a intensifié ses attaques (…) Les différents groupes politiques restent focalisés sur leur lutte pour le pouvoir. »