Les terroristes d’Aqmi cherchent à développer leur force de frappe au Sahel, avec la bénédiction de certains pays de la région et de l’autre rive de la Méditerranée.
«Le terrorisme dans les pays de la région sahélo-saharienne est une grande menace pour nos populations et le développement économique. Aujourd’hui, les terroristes sont en relation avec les bandes de trafic d’armes et de drogue, cela aggrave la situation.
Il y a une étroite connexion entre le terrorisme et le trafic de drogue. Cette relation qui se développe devient de plus en plus menaçante pour notre sécurité. Cela nous oblige encore une fois à nous unir, en tant que voisins concernés par cette menace, pour combattre ensemble ce grand danger qui se profile à l’horizon».
C’est par ces petites phrases que le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a mis en garde ses homologues des six pays du Sahel, lors de l’ouverture à Alger de la conférence ministérielle des pays de la région sahélo-saharienne sur la gravité de la situation.
Le ministre algérien des Affaires étrangères a ajouté : «Notre rencontre témoigne de notre prise de conscience individuelle et collective sur cette situation en particulier, et en général de l’importance des autres sujets qui nous interpellent, en l’occurrence la sécurité dans la région, mais aussi le développement du Sahel.
Nous ambitionnons tous de restaurer la région dans sa vocation d’espace de prospérité et de stabilité, conformément aux règles de bon voisinage, de solidarité et de coopération sincère».
Dans son allocution, Medelci déclare : «Les pays de la bande sahélo-saharienne doivent absolument agir suivant un mécanisme bilatéral, régional et même international pour améliorer la situation dans cette région».
Ces mots lâchés par Medelci dès l’ouverture de la réunion témoignent de la menace très sérieuse du terrorisme au Sahel, particulièrement de la montée inquiétante d’Al Qaïda au Maghreb islamique, qui bénéficie malheureusement des aides de certaines parties extérieures et même intérieures.
Les groupes terroristes affiliés à Aqmi sont de plus en plus violents et très actifs dans une région qui commence à poser de sérieux problèmes d’ordre sécuritaire. Certains participants à cette réunion ne cachent pas leur inquiétude quant au développement menaçant du phénomène du terrorisme au Sahel.
Certains craignent même le talibanisme au Sahel. Selon des sources locales, mais également maliennes et mauritaniennes, cette crainte est partagée par beaucoup d’observateurs. Les terroristes d’Aqmi cherchent à développer leur force de frappe au Sahel, avec la bénédiction de certains pays de la région et de l’autre rive de la Méditerranée.
Si certains pays de la région du Sahel ignorent cette menace et continuent à libérer des terroristes dangereux détenus par ces pays afin de céder aux chantages des Occidentaux, la capacité de frappe d’Aqmi sera plus menaçante, tient à rappeler l’Algérie. La récente libération par le Mali de quatre dangereux salafistes a été la goutte qui a fait déborder le vase ; l’Algérie et la Mauritanie ont vivement condamné cette attitude.
Les actions terroristes prennent également de l’ampleur dans le Sahel avec le relâchement de certains pays. Le rapt d’étrangers s’est amplifié au Mali et en Mauritanie, où six Européens ont été kidnappés par des bandes armées puis livrés aux terroristes salafistes pour négocier leur libération.
Ce sont autant d’indices qui préviennent de lendemains de plus en plus menaçants. Pour cette raison et pour d’autres, il est temps que les pays de la région sahélo-saharienne s’unissent afin de casser le noyau dur de cette nébuleuse organisation terroriste ayant comme QG le nord du Mali.
Une menace qui attire aussi les intérêts de plusieurs pays de l’Occident dont le seul but est de s’implanter dans la région pour défendre leurs intérêts.
«Nous ne sommes pas aujourd’hui au début d’un exercice, mais dans la logique d’une coopération dont les bases ont été jetées, notamment lors de la réunion ministérielle tenue à Bamako, en novembre 2008», tient a rappeler le ministre algérien des Affaires étrangères.
Sofiane Abi