Le gouvernement algérien prévoit de ramener son déficit budgétaire à 40 milliards de dollars en 2026, soit 12,4 % du PIB, selon le projet de loi de finances consulté par Reuters. Cela représenterait une réduction de 35,5 % par rapport à 2025, et ce, malgré une hausse historique des dépenses publiques. Cette progression s’inscrit dans une stratégie visant à stimuler la croissance économique et à soutenir le pouvoir d’achat des ménages.
Malgré cette augmentation des dépenses, le gouvernement anticipe une baisse du déficit grâce à la croissance des secteurs non liés aux hydrocarbures, notamment l’agriculture, l’industrie et la construction. L’Algérie, grand producteur de gaz et membre de l’OPEP, cherche à diversifier son économie afin de réduire sa dépendance aux revenus énergétiques.
Le projet de loi de finances repose sur un prix moyen du baril de pétrole estimé à 60 dollars et table sur une croissance économique de 4,1 % en 2026, contre 4,5 % attendus initialement en 2025. Selon le projet de budget, les salaires du secteur public représenteront environ un tiers des dépenses totales en 2026, atteignant 45 milliards de dollars, soit une hausse de 1,4 % par rapport à l’exercice précédent.
Cette orientation budgétaire reflète la volonté des autorités d’équilibrer relance économique et discipline budgétaire, dans un contexte où la diversification économique demeure un enjeu stratégique majeur pour l’avenir du pays.
Diversification économique : l’Algérie entre ambitions et réalité des recettes 2025
L’Algérie, longtemps dépendante de ses revenus pétroliers et gaziers, cherche à ajuster son modèle économique. L’année 2025 apparaît comme une étape charnière : les tensions sur les recettes issues des hydrocarbures compliquent la feuille de route de la diversification.
Selon le rapport Algeria Economic Update de la Banque mondiale, le déficit budgétaire en 2025 devrait s’établir à 14,5 % du PIB. Ce déficit accru s’explique par une baisse marquée des recettes liées aux hydrocarbures, partiellement neutralisée mais pas suffisamment par des efforts de rationalisation des dépenses.
Les hydrocarbures continuent de jouer un rôle central : en 2025, ils sont projetés pour représenter près de 43 % des recettes fiscales totales du pays. Toutefois, cette part diminue progressivement à mesure que le poids des revenus non hydrocabures (impôts, taxes, autres secteurs) gagne du terrain, atteignant environ 13 % du PIB pour les recettes hors hydrocarbures.
L’Algérie compte aussi sur une production accrue pour améliorer ses revenus énergétiques. Le ministère de l’Énergie prévoit une hausse de la production d’hydrocarbures de l’ordre de 2,5 % en 2025. Au plan externe, la situation est délicate. La balance des comptes courants est attendue en déficit de 6,6 % du PIB pour 2025, du fait de la contraction des exportations énergétiques combinée à une hausse des importations.
Diversification : avancées mais déséquilibres persistants
Malgré la décroissance du secteur énergétique, l’économie non pétrolière affiche une dynamique solide. Pour 2025, sa croissance est estimée à +3,6 %, ce qui contribue à compenser la contraction dans le secteur des hydrocarbures.
Les efforts pour renforcer la fiscalité et élargir l’assiette des impôts commencent à porter : les recettes hors hydrocarbures, bien que encore modestes, croissent en pourcentage du PIB. Néanmoins, le fossé entre dépendance énergétique et autonomie fiscale reste important.
Un secteur des hydrocarbures fortement capitalistique n’absorbe qu’une part réduite de la main-d’œuvre nationale, rendant l’emploi dans les branches non énergétiques clé pour transformer la diversification en bénéfice social. Par ailleurs, la productivité dans l’industrie manufacturière peine à atteindre les niveaux escomptés.
Alors que le gouvernement prévoit des dépenses record dans le budget 2026, le déséquilibre entre recettes et dépenses met en lumière la fragilité du modèle. L’incertitude sur le prix du pétrole et la volatilité des marchés internationaux pèsent comme une épée de Damoclès.
L’Algérie avance vers la diversification avec des acquis notables : revenus non énergétiques en progression, secteur non hydrocarbures dynamique, volonté affirmée de réforme. Mais la réalité des recettes 2025 marquée par un déficit important et la dépendance persistante aux hydrocarbures rappelle que le chemin demeure abrupt.
Pour sortir du cercle de la vulnérabilité aux fluctuations des marchés énergétiques, le pays doit consolider ses mécanismes de collecte fiscale, améliorer l’environnement des affaires, et investir dans les secteurs à forte valeur ajoutée. Seule une transformation structurelle profonde permettra à la diversification de devenir une réalité durable, au-delà des intentions.