L’assaut donné jeudi par les forces spéciales de l’ANP pour libérer les otages détenus par un groupe terroriste au niveau du site gazier de Tiguentourine à In Amenas s’est soldé par l’élimination de 32 terroristes et le décès de 23 victimes, selon un bilan provisoire établi par le ministère de l’Intérieur. Le ministre de la Communication Mohamed Saïd a déclaré hier que le nombre de victimes risquait d’être «revu à la hausse». Le Premier ministre animera aujourd’hui une conférence de presse pour un point de situation.
Le ministre de la Communication Mohamed Saïd a affirmé hier que l’Algérie était prête «à faire face à toute agression», au lendemain du dénouement sanglant de la prise d’otages terroriste dans un complexe gazier à In Amenas.
«Nous sommes prêts à faire face à toute agression», a-t-il dit à la Radio nationale, Chaîne III, dans une première réaction à cette attaque qui s’est soldée par la mort de 23 personnes, dont des étrangers, selon un bilan provisoire du ministère de l’Intérieur. En outre, 32 assaillants ont été abattus par les forces spéciales de l’ANP qui ont donné l’assaut contre le site d’In Amenas, où ils étaient retranchés.
L’opération a permis également la libération de 685 travailleurs algériens et 107 étrangers détenus par le groupe terroriste.
Le ministre de la Communication Mohamed Saïd a déclaré un peu plus tôt que le nombre de victimes risquait d’être «revu à la hausse». «Je crains fort, hélas, que ce bilan ne soit revu à la hausse», a averti le ministre. Dans la matinée d’hier, plusieurs sources sécuritaires ont fait état d’une trentaine de corps d’otages découverts par les forces spéciales qui sécurisaient le site gazier.
«Les forces spéciales continuent de sécuriser le site gazier de Tiguentourine à la recherche d’éventuelles autres victimes, puisque le bilan donné jusque-là par le ministère de l’Intérieur est provisoire», a-t-il dit. «Le bilan définitif sera connu dans les heures qui viennent», a-t-il précisé. Selon lui, les terroristes qui ont attaqué le site gazier de In Amenas sont issus d’au moins six nationalités et originaires de pays arabes, africains et non africains.
A propos de l’assaut décidé par les autorités algériennes, le ministre a indiqué que «devant le refus de ces groupes terroristes d’obtempérer et devant leur intention affichée de fuir en emmenant les otages, il n’y avait pas d’autres moyens que de passer à l’action». «Les terroristes étaient décidés soit à réussir leur opération comme ils l’avaient planifiée, soit à faire exploser tout le complexe gazier et exécuter tous les otages», a-t-il ajouté.
UNE ARMÉE DE 38 MILLIONS D’ALGÉRIENS !
«Face à cette tentative de déstabilisation contre l’Algérie, nous répondons que nous avons une armée de 38 millions d’Algériens», a ajouté Mohamed Saïd en se référant à la population totale algérienne. En réponse à une question sur la poursuite d’attaques terroristes dans le pays, il a ajouté : «c’est une situation qui nous est imposée et nous y faisons face avec détermination et sans relâche».
Pour Mohamed Saïd, l’attaque lancée mercredi prouve qu’«il s’agit d’une agression contre l’Algérie, contre l’économie algérienne, contre la stabilité politique de l’Algérie, contre le rôle de l’Algérie dans cette région». En évoquant l’autorisation accordée par Alger au survol de son territoire par des avions de chasse français en route pour le Mali, le ministre a cependant mis l’accent sur une solution politique dans ce pays.
«S’il en a été décidé autrement, je ne pense pas qu’il y ait d’autre solution à ce pays que celle politique», a-t-il. Les ravisseurs avaient affirmé que leur prise d’otages avait été menée notamment en représailles à l’intervention militaire française au Mali, qui a bénéficié d’un soutien logistique d’Alger en dépit de ses réticences initiales à une intervention militaire.
En plus du renforcement du dispositif sécuritaire dans le Sud algérien, notamment autour des zones pétrolières, cette énième attaque devrait renforcer la détermination de l’Algérie à éradiquer les derniers foyers du terrorisme. Car, à la vigilance qui reste très élevée, la menace terroriste s’accentue, surtout après l’intervention militaire française au Mali. Au Maroc, une importante cellule terroriste a été démantelée avant-hier. La guerre au Mali risque d’embraser toute la région du Maghreb.
UN VÉRITABLE ARSENAL DE GUERRE
L’assaut donné par les forces spéciales s’est soldé par la libération de 685 travailleurs algériens et 107 étrangers, 32 terroristes éliminés et le décès de 23 victimes, mais aussi d’énormes quantités d’armes récupérées.
L’armement récupéré est composé de 6 fusils-mitrailleurs (FMPK), 21 fusils PMAK, deux fusils à lunettes, 2 mortiers 60mm avec roquettes, 6 missiles de type C5 60mm avec rampes de lancement, 2 RPG7 avec 8 roquettes, 10 grenades disposées en ceintures explosives, selon les premières images diffusés avant-hier par la télévision algérienne. L’opération a permis la récupération de «tenues militaires étrangères et d’un stock de munitions et d’explosifs».
LA VOLTE-FACE DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
Après les critiques formulées à l’égard de l’Algérie et l’assaut donné à In Amenas par les forces spéciales, plusieurs pays ont fini par revenir à de meilleurs sentiments.
C’est le cas du Premier ministre britannique, qui a eu quelques «états d’âme» après la décision de porter l’assaut, notamment le fait de n’avoir pas été informé au préalable, a fini par tempérer son jugement. Hier, il a estimé que la responsabilité du dénouement sanglant de la prise d’otages incombait «totalement aux terroristes».
«Maintenant, bien sûr, les gens vont s’interroger sur la réponse des Algériens à ces événements », mais «quand vous devez faire face à un acte terroriste de cette ampleur, avec une trentaine de terroristes impliqués, il est extrêmement difficile d’y répondre et d’être bon sur toute la ligne», a-t-il expliqué.
Pour James Cameron, cette prise d’otages constitue un «dur rappel » de la menace du terrorisme international. La communauté internationale a besoin de «s’unir pour lutter contre cette menace en Afrique du Nord», comme cela s’est passé au Pakistan et en Afghanistan, a-t-il jugé.
Puis de souhaiter enfin de mettre la question de la lutte contre le terrorisme «tout en haut de l’agenda » du G8, dont le Royaume-Uni assure la présidence en 2013. Même son de cloche chez le ministre français des Affaires étrangères qui a déclaré hier que «face au terrorisme, il faut être implacable». «Ce sont des tueurs, ils pillent, ils violent, ils saccagent», a-t-il déclaré sur Europe 1.
Le ministre français, s’est dit «heurté» «qu’on ait le sentiment» que «ce sont les Algériens qui sont mis en cause, alors que ce sont les terroristes» qui doivent l’être. «Les Algériens mesurent à quel point le terrorisme est un mal absolu», a insisté le ministre. L’ancien ministre de l’Intérieur français, Claude Guéant, partage la même analyse en soulignant que l’Algérie «a fait face à un problème d’une ampleur exceptionnelle», lors de la prise d’otages.
La veille, le président François Hollande avait déclaré que «quand il y a une prise d’otages avec autant de personnes concernées et des terroristes aussi froidement déterminés, prêts à assassiner leurs otages – ce qu’ils ont fait – un pays comme l’Algérie a les réponses qui paraissent à mes yeux les plus adaptées car il ne pouvait y avoir de négociation» avec les ravisseurs.
La présidente de la commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini- Zuma, a qualifié cet acte terroriste de «haineux que rien ne peut justifier» et a réaffirmé sa préoccupation face à l’aggravation du terrorisme dans la région sahélosaharienne. Elle a, par là même, rendu un hommage «particulièrement mérité» aux Forces armées algériennes.
OBAMA : LA RESPONSABILITÉ DE LA TRAGÉDIE INCOMBE AUX TERRORISTES
Le président américain Barack Obama a condamné hier l’attaque terroriste en Algérie, qui a entraîné la mort de plusieurs otages, dont un Américain, en la décrivant comme une piqûre de rappel de la menace présentée par Al-Qaïda et d’autres groupes extrémistes violents en Afrique du Nord.
«La responsabilité de cette tragédie incombe aux terroristes, et les Etats-Unis condamnent leurs actions dans les termes les plus forts possibles», a déclaré Obama dans un communiqué publié par la Maison- Blanche.
Il s’agit de la première réaction publique du président américain à la crise des otages en Algérie. Barack Obama a également indiqué que le gouvernement américain était en contact permanent avec les autorités algériennes et s’engageait à «se tenir prêt à fournir toute assistance requise dans le sillage de cette attaque».
«Dans les prochains jours, nous resterons en contact étroit avec le gouvernement algérien pour avoir une meilleure idée de ce qui s’est passé afin de travailler ensemble pour prévenir d’autres tragédies de ce type dans l’avenir», a poursuivi le président des Etats-Unis.
M. A. M.