Une réunion tripartite entre le gouvernement, le patronat et la centrale syndicale en Algérie a débouché dimanche sur des décisions pratiques annoncées pour relancer une machine économique rouillée de l’aveu même des autorités.
Le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait admis, à l’ouverture de cette réunion, que le climat des affaires en Algérie n’était pas propice à l’investissement privé malgré les efforts du gouvernement pour lever les obstacles à son amélioration. Après plusieurs longues heures de discussions entre les acteurs économiques du pays, avec la présence pour la première fois du Forum des chef d’entreprises (FCE), principale organisation patronale privée en Algérie, plusieurs mesures ont été annoncées. Première décision prise pour satisfaire les producteurs: l’importation de leurs matières premières sera facilitée.
Le très controversé crédit documentaire (Crédoc), qui ralentissait leurs approvisionnements à l’étranger a été levé. Le Crédoc imposait depuis 2009 à tous les importateurs producteurs d’initier l’ouverture d’un Crédoc en prenant contact avec leur banque qui répercutaient ensuite sur celle du vendeur pour garantir l’échange. L’importateur se retrouvait avec des fonds bloqués parfois jusqu’à trois mois avant de recevoir la marchandise eu égard au délais de paperasserie.
Sa suppression était l’une des principales revendications du patronat. Samedi, le président du FCE Réda Hamiani avait appelé les autorités à “traiter avec équité le secteur public et privé et à supprimer les mesures qui freinent l’activité des producteurs comme le Crédoc”. Les autorités ont aussi annoncé qu’elles endosseront désormais 2% des 5,5% de taux d’intérêt appliqués aux crédits d’investissements des PME, selon le communiqué final publié après la réunion. “Le gouvernement affirme officiellement que le climat des affaires a besoin d’une amélioration.
Pour preuve l’Algérie occupe le 136e rang parmi 183 pays selon un classement concernant le climat des affaires établi par la Banque mondiale à la demande de la Banque d’Algérie”, avait dit M. Ouyahia. “J’ai décidé d’évoquer publiquement cette question pour vous assurer que le gouvernement ne s’est pas enfermé dans une position de vainqueur. Il y a des réalisations dans le secteur économique qui doivent être signalées comme il y a des insuffisances qu’il faudra pallier”, avait-t-il ajouté.
Les journaux ont vu dimanche dans ces déclarations un “aveu d’échec du gouvernement”. “Le Premier ministre s’est bien gardé d’identifier les causes de cette situation, car cela reviendrait à faire le procès de sa propre politique du patriotisme économique, contenu dans la très controversée LFC (loi de finances complémentaire) de juillet 2009 (…)”, observe le quotidien Liberté. Selon M. Ouyahia, l’Etat reste le premier investisseur en Algérie avec 14 milliards de dollars injectés dans le développement depuis janvier 2010. Une autre réunion entre le gouvernement, le patronat et la centrale syndicale centrée sur les questions sociales est prévue pour septembre.
La dernière Tripartite s’était tenue en décembre 2009 et avait fixé à 15.000 dinars (150 euros) le Salaire national minimum garanti (SNMG). Il n’a pas été revu à la hausse depuis mais les grèves systématiques lancées depuis le début de l’année ont amené le gouvernement à accorder de fortes hausses de salaire dans la fonction publique allant jusqu’à 70% avec effet rétroactif dans certains cas à janvier 2008.
AFP