Depuis l’attaque de Teguentourine, à In Amenas, l’Algérie sait qu’elle sera encore la cible d’attaques terroristes, d’autant plus que les « Signataires par le sang », une annexe d’Al Qaida, avaient confirmé au lendemain de l’échec de la prise d’otages, qu’elle frapperait de nouveau là où on l’attendrait le moins. De ce fait, les principales infrastructures économiques de l’Algérie ont renforcé leur dispositif de sécurité et de défense, à Alger et dans d’autres régions du pays, en « application des décisions des hautes autorités du pays ».
L’ensemble des responsables de ces sites économiques a été destinataire d’instructions leur enjoignant de faire preuve de « plus de vigilance et de fermeté » dans la protection et la défense de ces sites, ce qui renseigne sur le degré de gravité avec lequel Alger prend la menace terroriste.
On s’en souvient, au lendemain de la prise d’otages d’In Amenas, et de la neutralisation des principaux chefs islamistes, Lamine Bencheneb, Abou al-Baraâ et Abderrahmane an-Nigiri, les «Signataires par le sang», par la voix de leur porte-parole, ont menacé de mener «plus d’opérations» : «Nous promettons au régime en place plus d’opérations», appelant les Algériens «à se tenir à l’écart des lieux d’implantation des compagnies étrangères», car, a-t-il dit, «nous surgirons là où personne ne s’y attend». Les moins avertis voient en cette menace une mise en garde destinée à redorer le blason du groupe après l’échec de la prise d’otages, mais il est certain que les connaisseurs de la question sécuritaire savent à quoi s’en tenir.
Non seulement, Mokhtar Belmokhtar est toujours chef d’AQMI, mais en plus, des groupes comme «El Moulathamine», branche-mère des «Signataires par le sang», Djamaât Tawhid wal Djihad en Afrique de l’Ouest, ainsi que d’autre groupes, comme «Ansar Ech-Chriâ», de Omar Ould Hamaha et la faction de Tombouctou d’Ansar Eddine d’Iyad Ag Ghali, restent très proches de MBM, voire carrément soumis à ses directives. L’attaque contre un gazoduc de Djebahia, à Bouira, puis l’incursion terroriste à In Amenas, il y a deux jours, renseigne sur au moins le fait que la menace ne viendra pas du Mali : elle est là, sur place, et peut frapper au moment propice.
Le terrorisme a ceci de dangereux, c’est d’avoir le temps pour lui. Il jouera encore et encore l’usure. Un renforcement du dispositif sécuritaire est suivi, psychologiquement et techniquement, de relâchement de la vigilance. Le contexte, aujourd’hui, est un contexte de guerre, et l’Algérie ne doit pas fermer l’œil.
Fayçal Oukaci