L’Algérie passe sous silence des acquis d’envergure mondiale: Ce géant qui s’ignore

L’Algérie passe sous silence des acquis d’envergure mondiale: Ce géant qui s’ignore

Le pays manque-t-il à ce point de gourous de la Com’ capables de transformer ces artifices en feu d’action et écailler radicalement le vernis d’une Algérie rouillée?

Il est arrivé à l’Algérie comme ce chasseur qui ne sait plus quoi faire de cette peau de l’ours qu’il venait d’abattre. Des réalisations d’envergure, des actions sans commune mesure dans le monde et des prises de position avérées les plus justes sont passées sous silence, sans bruit, sans qu’elles ne soient rentabilisées. Etrange luxe pour un pays assailli par la critique de certaines ONG et à chaque fois relégué aux dernières loges dans la plupart des classements.

Ce pays qui importe tout de l’étranger, ce pays qui ne sait pas donner de perspectives à sa jeunesse, ce pays qui perd son élite qui, par dizaines de milliers, va quêter d’autres horizons. Ce pays n’exporte rien, qui ne sait pas emballer ses dattes. Ce pays qui tourne en rond, qui ne sait pas par où commencer. Bref, ce pays riche, mais au peuple pauvre. Pourtant, ce ne sont pas les atouts qui manquent pour porter au firmament l’image de l’Algérie. Avouons-le sans complexes: l’incroyable expérience algérienne dans la lutte contre le terrorisme est très mal exploitée. Une expérience unique dans le monde, limitée à des activités ministérielles et officielles et à des messages de circonstance, sans plus. Pourtant, la lutte contre le terrorisme en Algérie a fasciné le monde. Impressionnés, les Russes suivent de très près cette expérience en lançant des projets d’études dont celui de l’édition d’un livre sur «la guerre terroriste d’Algérie» ainsi que d’autres projets audiovisuels.

Les Américains ne manquent pas de rappeler ce capital expérience sans compter l’étroite collaboration dans le renseignement entre Alger et Washington. Aujourd’hui le terrorisme et la sécurité sont au centre des enjeux stratégiques mondiaux. Avant-hier, le sous-secrétaire d’Etat américain en charge des Affaires politiques, Thomas Shannon, a déclaré à Washington que l’Algérie cumulait «une expérience pertinente» en matière de lutte contre le terrorisme.

Une production littéraire et audiovisuelle sur le sujet, très faible et l’Algérie ne possède pas le moindre musée sur une guerre qui a duré dix années sans répit. C’est probablement ce cumul d’expérience qui a fortifié la position algérienne dans le monde face aux révoltes arabes quand elle a été le seul pays ou presque, à s’élever contre les interventions militaires étrangères. Le drame libyen est à lui seul un argument imparable sur la justesse de la vision de la diplomatie algérienne. C’est une fois plongés dans le chaos, que les généraux de l’Otan ont publiquement avoué leur erreur.

«L’opération menée contre la Libye a été une grosse erreur», ont reconnu en mars 2015 des responsables de l’Otan à une délégation officielle algérienne composée de parlementaires, de membres du ministère des Affaires étrangères, du ministère de l’Intérieur, de celui de l’énergie, de la police, d’universitaires et de journalistes.

Au regard de ce qui est advenu de ce pays, près de quatre ans après l’intervention militaire, l’aveu des responsables de l’Otan, vaut un mea-culpa des Occidentaux dans la gestion de ce dossier. Mais trop tard! Le chaos a eu lieu. «Si le monde nous avait écoutés» a regretté il y a un mois, Abdelkader Messahel parlant de la position algérienne dans les conflits de révoltes arabes.

A la lutte contre le terrorisme, à la position juste et éclairée de la diplomatie algérienne s’ajoute un autre acquis tout aussi important et tout aussi mal exploité. L’éradication des bidonvilles au niveau de la capitale. La wilaya d’Alger a gagné cette bataille menée depuis 2014 et a pu éradiquer 316 grands bidonvilles qui ternissaient l’image de la «blanche capitale». Pas moins de 21 opérations dans la wilaya d’Alger ont permis le relogement de 36.000 familles dans des habitations décentes. Alger est devenue ainsi la première capitale d’Afrique et parmi les rares au monde sans bidonville. Resté otage des actions politiciennes, ce grand acquis, encore un autre, est très mal exploité. C’est autant d’arguments, autant d’éléments qui feront jaser les vrais gourous de la communication capables de transformer ces artifices en feu d’action et écailler radicalement le vernis d’une Algérie rouillée. Le pays manque-t-il à ce point de Spin Doctors, de ces magiciens qui peuvent installer une image non pas comme un simple produit de consommation courante, vite posé, vite oublié, mais comme une «marque» destinée à durer et à être déclinée au moment opportun? Il faut dire que oui, du moins pour le moment.