Cinquante-trois pays africains, dont l’Algérie, ont préféré quitter les bancs lundi dernier pour quelques heures lors de la deuxième semaine de négociations sur un nouveau traité qui remplacera au pied levé celui de Kyoto.
«Les pays industrialisés voudraient que nous acceptions la mort du seul instrument existant qui les contraint à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre», a indiqué Kamel Djemouia, chef de la délégation algérienne. Emmenés par l’Algérie, le groupe Afrique, soutenu par la Chine et l’Inde, a réclamé que les objectifs du protocole de Kyoto soient conservés pour la période 2012-2020.
Les pays du Sud, dont l’Algérie et l’Afrique du Sud, accusent les pays industrialisés de vouloir tuer Kyoto et, ainsi, réduire les exigences qui leur sont imposées. Les pays africains ont, en effet, obligé les Danois à interrompre pendant près de trois heures les pourparlers.
Au cœur du problème, une question : doit-on prolonger le protocole de Kyoto après 2012, date d’échéance de sa première phase, ou le remplacer par un tout nouveau traité, ce que les pays en développement jugent inacceptable ? L’Afrique, qui représente près d’un quart des voix, est courtisée par les pays émergents, qui jouent sur la corde tiers-mondiste et l’Europe, qui lui a promis des compensations financières.
Le groupe Afrique s’est réuni samedi dernier afin d’affiner sa position et les propositions qui seront soumises à cette réunion, présidée par la présidente de la COP et ministre danoise du Climat, Mme Connie Hedegaard. La présidente du sommet présentera un texte qui sera débattu au cours de cette réunion. La position de l’Afrique a été renforcée à Alger et consolidée à Copenhague, a soutenu M. Chérif Rahmani : «La position de l’Afrique a été renforcée en novembre 2008 à l’occasion de la réunion à Alger des ministres de l’Environnement, puis à Nairobi et Addis-Abeba (sommet de l’Union africaine, NDLR) et se trouve actuellement améliorée à Copenhague (…) Nous avons eu des entretiens avec la Chine, l’Inde et les institutions financières internationales dans le but de consolider la position de l’Afrique.»
L’Afrique défendra sa position et fera entendre sa voix à l’occasion de cette réunion, a déclaré à l’APS le ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et du Tourisme, M. Chérif Rahmani, avant le début du sommet qui doit en principe s’achever vendredi prochain par l’adoption d’un nouveau traité.
L’Algérie, qui participe activement à cette conférence, coordonne la prise en charge de la position commune africaine sur les changements climatiques dans les textes de négociation en cours à Copenhague en sa qualité de présidente du groupe africain des négociateurs conformément au mandat ministériel qui lui a été confié par la réunion du Comité des dix chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA sur les changements climatiques (CAHOSCC) le 16 novembre dernier.
Mahmoud Tadjer