L’Algérie jette en prison un militant des droits de l’Homme

L’Algérie jette en prison un militant des droits de l’Homme

Depuis qu’il avait révélé les charniers de Relizane où un massacre terroriste avait fait plus de 1000 morts en 2001, bilan alors minimisé par les autorités, Mohamed Smaïn, 69 ans, ne cesse de subir des harcèlements judiciaires. Il vient d’être jeté en prison. Dans un communiqué collectif, des ONG appellent à sa libération immédiate.

Dans un communiqué daté du mercredi 20 juin organisations non gouvernementales de défense des droits de l’Homme dénoncent l’arrestation et le placement en détention provisoire du défenseur des droits de l’Homme Mohamed Smaïn. Le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (Laddh), la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (Fidh) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) ainsi que le Réseau euro‑méditerranéen des droits de l’Homme (Remdh) appellent les autorités algériennes à libérer ce militant des droits de l’Homme qui avait révélé l’existence d’un charnier à Relizane.

Selon le texte, Mohamed Smaïn a été arrêté dans la matinée du 19 juin dernier par des éléments des brigades mobiles de la police judiciaire de la Sûreté de la Wilaya de Relizane, sans mandat d’amener ni mandat d’arrêt. Cette arrestation fait suite au défaut de présentation de M. Smaïn, destinataire de deux convocations du Parquet général de Relizane pour se soumette à une contre‑expertise médicale. Or, d’après M. Smaïn, cité dans le texte, lesdites convocations ne lui ont jamais été transmises. De fait, il purge depuis une peine de prison de deux mois.

Condamné lors d’un procès en diffamation intenté contre lui par Mohamed Fergane, ancien maire de Relizane et responsable d’un groupe de légitime défense, durant les années quatre‑vingt‑dix, et par huit autres ex‑patriotes, Mohamed Smaïn avait fait éclater en 2001 le scandale de l’exhumation d’un charnier – qu’il avait découvert – par la gendarmerie et le groupe de patriotes à Fergane et son déplacement vers un lieu inconnu. En octobre 2011, la Cour suprême a confirmé la condamnation de M. Smaïn à deux mois de prison ferme, 50 000 DA d’amende et 10 000 DA de dédommagement en faveur de chacun des plaignants. Une demande de surseoir à l’exécution de la peine de prison, faisant suite à une demande de grâce auprès du ministère de la Justice introduite par Mohamed Smaïn pour raisons de santé – il est atteint d’une maladie grave, selon les ONG – en vertu de l’article 16, paragraphe 8 du Code portant organisation de l’administration pénitentiaire, restait en cours d’examen.

« Le harcèlement dont est victime Mohamed Smaïn est symptomatique du climat d’impunité qui prévaut en Algérie. Les activités de Mohamed Smaïn à Oran et Relizane en faveur des familles de disparus et son action pour que la vérité soit faite sur les violations perpétrées en Algérie, particulièrement pendant le conflit civil qui a ravagé le pays dans les années 1990, lui valent d’être la cible des autorités », écrivent les ONG. « Nos organisations appellent les autorités à libérer immédiatement et inconditionnellement Mohamed Smaïn et mettre fin au harcèlement judiciaire dont il est victime, qui ne vise qu’à sanctionner son rôle dans la lutte contre l’impunité en Algérie« , précise le texte. Ces organisations appellent en outre les autorités algériennes à « mettre un terme à toute forme de harcèlement à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme, afin qu’ils puissent mener leurs activités de défense des droits de l’Homme librement. »