Le paradoxe en Algérie est qu’il n’y a aucun centre d’écoute ou numéro vert qui permette aux désireux d’arrêter de consommer de la drogue ou à l’un de leurs proches d’alerter les services concernés.
L’Algérie a toujours été un pays de transit et d’acheminement de la drogue venant notamment du Maroc vers l’Europe. Depuis que les pays de la rive nord de la Méditerranée ont renforcé leur dispositif de contrôle aux frontières, l’Algérie est devenue « le fief des narcotrafiquants marocains », selon Abdelmalek Sayah, directeur général de l’Office national de lutte contre la drogue, qui intervenait hier sur les ondes de la radio El-Bahdja.
Le phénomène de la drogue prend des proportions alarmantes dans notre pays, au point de constituer un nouveau fléau qui ronge la société algérienne, a encore indiqué l’orateur. La législation en matière de lutte contre la toxicomanie a été l’un des sujets débattus lors de cette rencontre durant laquelle a été évoquée notamment la loi 18-04 du 25 décembre 2004 relative à la prévention et à la répression de l’usage et du trafic illicites de drogues et de substances psychotropes.
M. Sayah a déclaré que « la loi est venue avec une nouvelle philosophie. Les consommateurs de drogue sont considérés comme des malades et non comme des criminels. Dans cette perspective, nous avons classé les toxicomanes en deux catégories, les moins de 16 ans, qui ne sont pas réprimés par la loi et ceux qui âgés entre 16 et 18 ans ont des peines allégées, la répression reste le dernier recours pour la justice et surtout dans le cas où la personne est multirécidiviste ».
Car, selon lui, « ces jeunes relèvent de la responsabilité de l’État et de la société civile qui doivent les prendre en charge, et non les punir ». Le directeur de l’office a mis l’accent sur le rôle que doit jouer la société civile dans la lutte contre ce fléau. « Les citoyens ont, eux aussi, un rôle important à jouer pour lutter contre ce mal qui gangrène notre société, entre autres par la dénonciation des consommateurs de drogue », a-t-il préconisé.
Mais le paradoxe est qu’en Algérie il n’y a aucun centre d’écoute ou numéro vert qui permettent aux désireux d’arrêter de consommer de la drogue ou à l’un de leurs proches d’alerter les services concernés. « Les seules structures mises à la disposition de ces personnes sont la police, la justice, l’office ou quelques associations », d’après M. Sayah.
Cependant, ces « solutions » ne peuvent en aucun cas être fiables. Il suffit de connaître l’image qu’ont ces jeunes de ces structures. M. Sayah a attesté que la prolifération du phénomène de la consommation de drogue ou la culture des implantations d’opium en Algérie « n’est pas aussi alarmante », tout en ajoutant que « pour l’année 2008, près de 23 000 personnes, entre trafiquants et consommateurs, ont été traduits en justice et 2 000 hommes ont été déployés par la Gendarmerie nationale à Adrar pour ratisser la région à la recherche de plantations d’opium ». Il y a lieu de noter qu’en l’espace de 10 ans, le nombre de toxicomanes en Algérie a atteint plus de 30 000.