Plus de 600 nouveaux cas de SIDA ont été enregistrés au cours des neuf premiers mois de l’année 2010 en Algérie, où la maladie se répand sans relâche depuis le début de l’épidémie en 1985.
« Les estimations les plus probables évoquent un nombre compris entre 21 000 et 30 000 personnes vivant avec le virus », a déclaré le Docteur Skander Abdelkader Soufi le 24 novembre, lors d’un forum à Alger consacré au VIH/SIDA.
« Ces chiffres nous donnent une idée du danger et du travail qui reste à faire », a déclaré Soufi, directeur de l’ONG ANIS pour la prévention du SIDA.
Afin de coïncider avec la Journée mondiale de lutte contre le sida, lancée par l’Organisation mondiale de la Santé en 1988 pour la prevention du sida, ANIS a choisi le mercredi 1er Décembre comme date de lancement de sa propre campagne locale en Algérie avec Ghardaia pour point de départ. L’initiative lancée il y a un an, sera promue par deux femmes haut placées: l’ancienne ministre de la culture Zahia Benarous et la chanteuse Amel Wahbi.
L’ANIS a récemment lancé une caravane de sensibilisation aux maladies sexuellement transmissibles, baptisée « Vacances sans SIDA », qui a parcouru les plages les plus fréquentées par les touristes.
Les femmes et les enfants sont en première ligne de l’épidémie, a mis en garde le Dr Soufi. Il estime qu’entre 6 000 et 12 000 femmes en Algérie sont infectées par la maladie.
« Des appels ont été lancés à l’ensemble des associations actives dans les domaines de la santé et de la protection de la mère et de l’enfant pour s’associer à nous dans cette campagne de sensibilisation », a-t-il déclaré, expliquant que ce segment de la population dispose d’un accès limité à l’information.
Soufi estime qu’à peine 8 pour cent des femmes vivant avec le SIDA ont accès à des services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, mais que la plupart des femmes ne savent pas que de tels services existent.
Dans son rapport 2010 sur l’épidémie mondiale de SIDA, l’Organisation des Nations-Unies de lutte contre le VIH/SIDA (ONUSIDA) a classé l’Algérie comme un pays à profil épidémiologique bas, avec une séroprévalence de l’ordre de 0,1 pour cent. Le nombre de personnes bénéficiant actuellement d’une thérapie antirétrovirale est passé à 1 526 fin 2009, dont 51 pour cent d’hommes. Ce rapport souligne également que tous les dons du sang en Algérie font l’objet d’un contrôle intégral.
L’Algérie dispose de 61 centres de dépistage anonymes et gratuits, répartis dans toutes les provinces du pays, ainsi que d’une Agence nationale du sang et de huit centres de référence qui traitent les personnes contaminées par le VIH/SIDA. Ce rapport souligne également l’engagement affiché par le gouvernement algérien, qui assure gratuitement la fourniture de médicaments antirétroviraux.
Mais l’on constate encore des lacunes dans la mise à disposition des traitements pour les personnes atteintes, et la disponibilité des médicaments n’est pas toujours garantie. Les patients ont parfois des difficultés à obtenir les remboursements dans le cas de médicaments de traitement des maladies opportunistes. L’ANIS recommande que le Ministère du Travail classe le SIDA comme une maladie chronique, ce qui permettrait aux personnes atteintes de bénéficier de la prise en charge de la sécurité sociale.
De plus, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour lutter contre la propagation des maladies sexuellement transmissibles (MST). Il a ainsi mis en place un Plan stratégique national de lutte contre les MST-VIH/SIDA (2008-2012) et créé un réseau de détection de la maladie et de contrôle de la qualité du sang.
Le Professeur Mehdi Youcef, directeur de l’hôpital Mustapha-Pacha et responsable de la liaison SIDA au Ministère de la Santé, a récemment expliqué que l’Algérie est le premier pays de la région à accorder « gratuitement » à tous les patients atteints du SIDA un accès à des médicaments antirétroviraux.
« L’Algérie doit être fière de ce qu’elle a fait dans ce domaine », a déclaré Youcef, soulignant que le pays avait assuré des soins sur l’ensemble de son territoire par le biais de centres de traitement spécialement destinés au SIDA.
Plusieurs associations de la société civile sont fortement impliquées dans la lutte contre le SIDA, notamment le Croissant rouge algérien et l’Association pour l’information sur les drogues et le SIDA (AIDS Algérie). C’est ainsi que cette dernière a organisé des campagnes à Tamanrasset et Oran, où elle renseigne les femmes sur les modes de transmission.