Près de 20 tonnes de drogue ont été saisies par les garde-frontières de la Gendarmerie nationale depuis le début de l’année.
La région de Tindouf, qui jusqu’ici a été épargnée par les tentatives d’infiltration de drogue, a enregistré jeudi passé sa première «expérience». Cela confirme également que les trafiquants de cannabis sont en train de gagner des terrains qui étaient hors de leur portée. Munis de différents types d’armes, des kalachnikovs de marque AHK47, des FM/PK, des armes lourdes, les narcotrafiquants qui prennent le départ du Maroc à bord de leurs 4×4, tentent de faire passer des tonnes de drogue en Algérie. Les régions de Béchar, El Bayadh et Tlemcen, sont de parfaits exemples de ces tentatives ; aujourd’hui, c’est Tindouf qui est envahie par les trafiquants marocains. Mais les GGF sont déterminés à lutter sans relâche contre les narcotrafiquants marocains. Toutefois, ils rencontrent des difficultés sur le terrain, notamment l’ampleur du trafic et les armes de guerre que possèdent les trafiquants de drogue. D’où proviennent ces grandes quantités de cannabis ? Qui sont ces narcotrafiquants ? Pourquoi l’Algérie est la cible privilégiée des bandes de trafic de cannabis ? C’est dans les monts d’Oujda que la drogue est produite, à partir de champs d’opium cultivés dans les maquis de cette ville marocaine.
Les cultivateurs marocains bénéficient de la «complicité» de certains responsables de la sécurité, notamment les gendarmes et les douaniers marocains. Ils partagent le butin provenant des quantités de drogue vendues. C’est en Algérie que le cannabis sera écoulé. Chaque année, près de 100 tonnes de résine de cannabis franchissent la frontière algéro-marocaine. Une bonne partie de cette drogue tombera dans les filets des GGF, mais il n’empêche qu’une certaine quantité arrive dans les villes algériennes.
La drogue de «printemps»
Les narcotrafiquants sont passés à la vitesse supérieure durant ces 72 dernières heures. En effet, 6 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les unités de la 10e GGF, dans la wilaya de Béchar, notamment à Tabelbala et Boutbigua. Cette montée spectaculaire et ces tentatives d’infiltration d’aussi grandes quantités de drogue ne laissent rien présager de bon. Ce n’est pas un hasard si les narcotrafiquants marocains tentent, en ces moments très particuliers, d’infiltrer de grosses quantités de résine de cannabis.
Selon une source sécuritaire, ils bénéficient d’armes et de matériel de la part du Makhzen, essayant tant bien que mal de faire passer des tonnes de drogue au printemps, car c’est une période où la récolte d’opium est avantageuse. Devant ces quantités considérables, les narcotrafiquants marocains, en possession d’armes de type FM/PK et AK47, à bord de Toyota Station équipées en double, voire triple réservoir, n’ont d’autre choix que d’écouler leurs marchandises en Algérie, car toutes les portes sont fermées de l’autre côte de la Méditerranée. En d’autres termes, la situation dans cette vaste partie de la frontière avec le Maroc est aujourd’hui alarmante. A cet effet, les gendarmes des 10, 11, 12, 13 et 14es GGF restent vigilants. La mobilisation dans cette partie de la frontière est plus que jamais renforcée. En matière de chiffres, plusieurs milliers de garde-frontières sont sur le qui-vive. Rappelons dans ce sens que près de 9 000 éléments de la Gendarmerie nationale sont mobilisés tout le long de la frontière sud-ouest du pays. Dans les régions de Béchar et de Tindouf, les unités des GGF contrôlent la frontière avec beaucoup de détermination. Equipés de véhicules de type 4×4 avec des caméras nocturnes, mais également des hélicoptères, les GGF ont arrêté plusieurs narcotrafiquants et récupéré des dizaines de tonnes de drogue. Ces résultats positifs ont mis les narcotrafiquants dans une mauvaise posture, les transporteurs de drogue ont du mal à faire entrer leur poison en Algérie.
100 tonnes de cannabis marocain saisies en deux ans
Plus de 100 tonnes de résine de cannabis ont été saisies en Algérie durant ces deux dernières années. La plupart des saisies ont été réalisées à Béchar, une ville où les trafiquants de drogue marocains sévissent.
Rouiba n’a pas échappé à ce fléau qui prend de l’ampleur dans notre pays. Cette paisible commune d’Alger a été ciblée l’année dernière et près de cinq tonnes de drogue ont été découvertes dans un conteneur par les douaniers. Pour rappel, l’année 2009 a été celle de tous les records en ce qui concerne la drogue. Plus de trente Toyota Station ont servi au transport de tonnes de drogue qui ont été saisies par la Gendarmerie nationale. La wilaya de Tlemcen a également été inondée de tonnes de cannabis vu qu’elle est proche des villes marocaines. Les trafiquants marocains qui trouvent une aide auprès de certains trafiquants algériens n’hésitent pas à utiliser un arsenal de guerre afin d’acheminer les quantités de drogue vers l’Algérie.
Plusieurs fusils mitrailleurs, des FM PK et des AK 47 ont été saisis par les éléments de la Gendarmerie nationale, déterminés à lutter contre ces trafiquants, au cours de différents coups de filet réalisés dans le Sahel, voire aux frontières qui nous séparent du Maroc, Mali, Niger et Mauritanie. Cette vague d’infiltration de tonnes de drogue dans notre pays obéit à une politique marocaine qui répond aux enjeux politico-financiers engagés par le royaume chérifien et soutenus par des réseaux de drogue à l’échelle internationale. Vers la fin de l’année dernière, la GN a saisi une grosse quantité de résine de cannabis estimée à plus de 4 tonnes équivalant à des milliards de centimes de dinars. Cette action témoigne du danger qui persiste à nos frontières. Un danger permanent qui a conduit l’Etat à mobiliser des milliers d’éléments de la GN et des Douanes aux frontières afin de venir à bout des desseins diaboliques du Maroc qui utilise la drogue pour faire pression sur l’Algérie afin qu’elle ouvre ses frontières avec ce pays «frère». Le Sahel, cette vaste région du désert, est devenue l’eldorado des trafiquants de drogue marocains.
Par Sofiane Abi