L’Algérie face à la crise mondiale

L’Algérie face à la crise mondiale

Les pays de la Zone euro sont soumis au diktat et à la répression financière. En Algérie, nous n’en sommes pas encore là, fort heureusement. Mais attention, de gros nuages noirs flottent au-dessus de nos têtes… L’histoire est riche de leçons…

On a l’air de se réveiller chez nous! On découvre subitement le pouvoir de l’argent. Du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui, au cours de sa dernière conférence de presse, l’a dénoncé violemment, jusqu’aux informations de cette semaine, relayées par plusieurs médias, faisant état d’Algériens qui achètent à tour de bras des maisons en Espagne (des vrais, pas des châteaux!) et jusqu’à cet industriel qui a fait fortune dans le pays et qui serait sur le point d’investir pas moins de 200 millions de dollars en Côte d’Ivoire (chasse gardée du CAC40), il n’est question que d’argent. Laissons de côté l’argent gagné en Algérie et dépensé sur place. C’est sain et légitime. Celui qui nous intéresse est celui qui est pris chez nous pour se retrouver à l’étranger. Les mécanismes de cette interconnexion sont différents. Ils ont, cependant, ce même point commun qui est de nous voler notre argent. Ouyahia situe ce mal «qui a commencé en 1990, lorsque l’Algérie a opté pour l’économie libérale basée sur l’importation qui a pris le dessus sur la production». Un mal qui a empiré avec notre aisance financière. Quels naïfs avons-nous été lorsqu’il y a peu nous croyions mordicus aux investissements directs étrangers, ces fameux «IDE». Nous ne sommes et ne serons, pour certains d’entre eux, qu’un marché juteux qui compte des dizaines de millions de consommateurs qui ne produisent rien. Comment voulez-vous que nous échappions à la règle quand des pays comme la France sont mis à genoux par ces mêmes puissances de l’argent. Au point où le président Hollande doit, en partie, son élection à son célèbre «mon ennemi c’est la finance!». Et qu’une fois installé, ce même président s’empresse de créer le ministère du «redressement productif». En temps ordinaire, ce ministère aurait été celui de «l’industrie». Chaque jour que Dieu fait, des usines ferment en France mettant au chômage des millions de travailleurs. Face à cette désespérance populaire, les patrons des multinationales exhibent des salaires mirobolants. Mardi dernier, l’Espagne qui est au bord de la faillite, a obtenu un crédit de 100 milliards de dollars pour renflouer… ses banques. Pas pour payer sa dette publique. La finance vole au secours des banques et dans le même temps aggrave la dette des pays. On parle de l’Italie comme prochaine victime. Ainsi va le monde, pressé comme un citron par la finance connexion. Le but n’est pas purement lucratif. Il est éminemment politique. Ce qui devrait consoler, si l’on ose dire, notre Premier ministre qui se plaint de «l’argent qui commande». Les pays de la Zone euro sont soumis au diktat et à la répression financière. Leur tort est de s’être rendu compte un peu tard que l’Union européenne telle qu’elle leur a été servie les conduit droit à la perte de leur souveraineté, voire même à leur domination. C’est pour mieux les ferrer que la finance s’est mise en mouvement pour leur «casser les reins». Alors ils se débattent autant qu’ils le peuvent. En Grèce, en Irlande, en Espagne, au Portugal, en Algérie, nous n’en sommes pas encore là fort heureusement. Ce temps gagné nous le devons à la clairvoyance du président Bouteflika, qui dès 2006, a rendu son argent à la finance en décidant de rembourser la dette publique. Mais attention, nous ne sommes pas pour autant «sortis de l’auberge». Rappelons-nous ce qu’il avait dit en juillet 2008 devant les maires d’Algérie. «Nous nous sommes trompés. Nous nous sommes rendu compte que nous avons fait fausse route. Oui! En matière de privatisation et d’investissement, nous nous sommes cassés le nez!». C’est clair. Il a été le premier à voir le jeu, encore caché, de la finance internationale. D’où l’amendement de la loi sur les hydrocarbures. D’où le gel de la privatisation de nos banques. D’où le droit de préemption introduit dans la loi sur les investissements. Etc. Un véritable virage, «à gauche toute!», pour sauver les meubles. La tempête ne s’est pas encore dissipée. De gros nuages noirs flottent au- dessus de nos têtes. Comparé à eux, le petit trafic de transfert de fonds que nous évoquions au début, n’est pas «une maladie mortelle». Mais tout de même, une blessure mal soignée peut gangrener. C’est pourquoi il nous faut être vigilants et bien appréhender l’importance des 49/51%, de bien mesurer les dégâts des surfacturations, de comprendre la lenteur des faux projets d’investissements, en un mot de ne pas se faire les perroquets de la finance internationale. L’histoire est riche de leçons. En 1830, le débarquement français en Algérie avait été précédé d’une escroquerie financière. Soyons de bons élèves!