Dans ses dernières révélations, WikiLeaks rapporte que Mohammed VI et sa cour sont obsédés par tout ce qui concerne l’Algérie et son Armée
Il est arrivé aux responsables marocains comme à cette personne qui a un marteau et qui, de ce fait, voit partout des clous. Le roi Mohammed VI et sa cour sont obnubilés par l’Algérie et son armée. Selon les dernières révélations du site WikiLeaks, rapportées par le journal algérien online toutsurlalgerie (TSA), la préoccupation majeure de l’Armée royale concerne l’Algérie. Selon les documents de WikiLeaks, l’Armée marocaine possède des «plans d’attaque d’urgence» et effectue des simulations stratégiques pour contrer un éventuel assaut algérien.
De son voisin de l’Est, l’Algérie, Mohammed VI n’y voit que des menaces et se lance alors, dans une campagne de dénigrement international, particulièrement envers les Américains. En témoignent les documents irréfutables publiés par le site WikiLeaks. Dans ses notes, Rabat accuse l’Algérie de vouloir s’attaquer au Maroc, de refuser la collaboration sécuritaire, d’avoir favorisé la création d’Al Qaîda au Maghreb et, comble de la lubie royale, l’Algérie serait même sur le point de fabriquer la bombe atomique! C’est à peine si Rabat n’avait pas écrit que l’Algérie infestait la jeunesse marocaine par les tonnes de drogue qu’elle expédiait via les frontières.
Dans leurs échanges avec les responsables américains en visite à Rabat, les officiels marocains accusent les Algériens de ne pas coopérer avec eux dans la lutte antiterroriste. Le directeur général pour la surveillance du territoire (services de renseignements intérieurs), Abdelatif Hammouchi, se livre d’une manière déconcertante aux Américains. Lors de la visite à Rabat de l’assistante du président américain pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend. «La coopération avec les Algériens est erratique» affirme Hammouchi.
«Parfois ils nous fournissent de très bonnes informations et parfois on dirait qu’il s’agit d’impasse. Ce sont des partenaires difficiles», ajoute Yassine Mansouri (chef de la direction générale des études et de la documentation, le service de contre-espionnage marocain,)», rapporte le journal TSA citant une note diplomatique du 31 juillet 2007, publiée par WikiLeaks.
Plus tôt, la même année, ajoute le même journal, le directeur général des affaires bilatérales au ministère marocain des Affaires étrangères Youssef Amrani, avait ainsi «suggéré que l’émergence d’Aqmi était principalement due aux échecs du gouvernement algérien», rapporte une note du 18 mai. Une position que ne partagent visiblement pas les Etats-Unis qui défendent la politique antiterroriste de l’Algérie.
A l’accusation de Amrani, un diplomate américain répond que «le Gspc a été forcé de s’associer avec Aqmi parce que le gouvernement algérien a réussi à le marginaliser». Dans la même note, le diplomate américain constate que Khalid Zerouali, en charge de la sécurité des frontières marocaines au ministère de l’Intérieur, «s’est hérissé» lorsque les officiels américains ont cité l’Algérie comme «un modèle» dans la lutte antiterroriste en Afrique du Nord. Les documents de WikiLeaks révèlent aussi que le Maroc soupçonne depuis longtemps l’Algérie de chercher à développer un programme nucléaire militaire.
Cette inquiétude a été rapportée dans une note diplomatique américaine du 21 novembre 2006 transmise cinq jours après un entretien entre le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères marocains, Omar Hilale, et l’ambassadeur américain à Rabat au sujet du programme nucléaire de l’Iran. Hilale affirme ainsi qu’ «un Iran doté de l’arme nucléaire serait un désastre pour la région et spécialement pour le Maroc. Cela provoquerait une course à l’armement dans la région et cela accélèrerait la poursuite de ce qu’il a décrit comme un programme nucléaire militaire algérien similaire, même s’il n’est que naissant». «Si l’Iran réussit, dans les dix ans, d’autres pays du Moyen-Orient auront la bombe et les Algériens suivront peu après», a-t-il dit», précise la note. Au cauchemar algérien s’ajoute l’épine du Sahara occidental.
A une certaine période, près de 70% des effectifs des forces armées marocaines étaient déployés au Sahara occidental. Les masques sont tombés: il s’agit d’une armée d’occupation. Avec de pareilles révélations, il sera maintenant difficile au Maroc de justifier ses exactions et surtout les massacres que cette même armée vient de commettre au Sahara occidental. Par ailleurs, le site WikiLeak a fait d’autres révélations, notamment le portrait peu flatteur que font d’elle les Américains. Dans un câble classé «secret» daté d’août 2008, les diplomates américains en poste à Rabat évoquent «une armée marocaine minée par la corruption et la bureaucratie, de faibles niveaux d’éducation dans ses rangs, une marginalisation politique, des équipements vieillissants et un déploiement de la plupart de ses forces dans le Sahara occidental».
Brahim TAKHEROUBT