Les responsables des Douanes algériennes ont rencontré des agents spéciaux de l’ICE américaine, l’administration en charge de l’immigration et des Douanes, la semaine dernière à l’occasion d’un atelier organisé à Alger sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Les participants à cette rencontre de cinq jours, qui s’est achevée jeudi 19 août, se sont attachés à l’étude de la réglementation internationale et des meilleures pratiques en termes d’enquête et de prévention des trafics de grosses sommes d’argent.
Cette formation conjointe a été l’occasion de partager des techniques et des informations lors des trois jours de préparation et d’exercices pratiques et de deux jours d’exercices opérationnels à l’aéroport international Houari Boumediene d’Alger, où les techniques et les concepts discutés ont été mis en pratique en situation réelle.
Il s’agissait du second atelier d’échange d’informations impliquant l’ICE et les agences algériennes de mise en oeuvre de la réglementation. La première avait eu lieu du 11 au 14 novembre 2007 à l’École supérieure de police d’Alger, à laquelle avaient participé des responsables de la police et des Douanes algériennes, ainsi que deux représentants du CTRF, le service d’enquêtes financières.
« Etant donné que les contrôles électroniques des transferts d’argent sont devenus stricts, les méthodes traditionnelles consistant à cacher de l’argent dans une fausse boîte de bonbons ou dans un conteneur de fret sont de plus en plus fréquentes », a affirmé un communiqué publié par l’ambassade des Etats-Unis à Alger à l’occasion de cette rencontre.
Ce communiqué poursuit en affirmant que « l’étroite collaboration et l’échange de ressources et d’expertise entre les services d’application de la loi à travers le monde permettra d’arrêter la circulation des fonds qui alimentent les activités illégales et financent les organisations terroristes et criminelles. »
Un responsable des Douanes algériennes participant à ce séminaire a expliqué à Magharebia sous couvert de l’anonymat que « durant le séminaire, la partie américaine a exposé son expérience en la matière avec des exemples concrets »
« Des séminaires comme celui-ci doivent être encouragés », a-t-il ajouté. « Ils permettent de conjuguer la volonté de la communauté internationale à renforcer la coopération dans ce domaine en vue de réduire la marge de manœuvre, la capacité de nuisance et la capacité d’action du terrorisme. »
Une spécialiste du secteur financier, Mme Hassiba Beledi, a expliqué que trop d’argent circule sous forme de liquidités en Algérie. « Pendant des années, cela a profité aux contrebandiers, mais surtout aux groupes terroristes qui ont utilisé cet argent pour se ravitailler en denrées alimentaires, s’approvisionner en armes, mais aussi pour acheter les véhicules nécessaires à leurs déplacements et des biens immobiliers. »
L’Algérie a déjà mis en place un certain nombre de mesures pour lutter contre le blanchiment d’argent et arrêter le financement du terrorisme, dont la dernière en date remonte au 14 juillet, un décret exigeant que des contrôles soient effectués sur tout paiement de 500 000 dinars ou plus effectué par carte bancaire, carte de paiement, ou tout autre moyen impliquant de la monnaie scripturale. Cette révolution dans les habitudes de paiement des Algériens prendra effet le 31 mars 2011, ajoute ce décret.
Le gouvernement, les institutions publiques, les entreprises de services publics, et les opérateurs du secteur public et privé devront se conformer à la réglementation applicable aux transactions, à la facturation et aux autres paiements impliquant des moyens de paiement bancaires, ajoute cette nouvelle disposition.
Les grands supermarchés seront également obligés de proposer des moyens de paiement électronique pour promouvoir l’usage des chèques. L’objectif de cette loi, explique l’Association des banques et des établissements financiers (ABEF), est de surveiller les flux de liquidités en circulation au sein des réseaux clandestins.
Il convient de rappeler que l’ICE est l’une des premières agences américaines à avoir partagé son expérience avec ses homologues d’autres pays. L’ICE fait partie du Groupe de travail sur le financement du terrorisme, un groupe pluri-institutionnel composé de représentants de plusieurs départements ministériels américains, du Trésor, de la justice et des forces de sécurité nationale.