L’Algérie et le Royaume d’Arabie Saoudite se sont hissés en tête de liste des plus importants accords gaziers conclus dans le monde au cours du mois d’octobre dernier. Un accord d’investissement colossal a été signé entre les compagnies Sonatrach et l’entreprise saoudienne Midad Holding pour l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures dans le périmètre contractuel Illizi en Algérie.
Selon la plateforme spécialisée Attaqa (basée à Washington), l’Algérie a ainsi été le théâtre de la signature d’un accord d’investissement majeur avec l’Arabie Saoudite. Cet accord, visant l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures dans le bassin d’Illizi, prend la forme d’un contrat de partage de production entre Sonatrach et Midad Energy North Africa, filiale saoudienne.
Un investissement saoudien de 5,4 milliards de dollars
Un communiqué du groupe Sonatrach précise que ce contrat s’étendra sur une durée de 30 ans, renouvelable pour 10 années supplémentaires, et comprend une période de recherche de 7 ans. L’accord stipule que le partenaire saoudien financera à 100% les opérations d’exploration et de développement, pour un montant total d’environ 5,4 milliards de dollars, dont 288 millions de dollars américains alloués aux investissements de recherche.
L’objectif visé par l’Algérie et l’Arabie Saoudite, à l’issue de la période contractuelle, est d’atteindre une production de 993 millions de barils équivalent pétrole (BEP).
Ce volume se décompose en 125 milliards de mètres cubes de gaz destiné à la commercialisation et 204 millions de barils d’hydrocarbures liquides, dont 103 millions de barils de gaz de pétrole liquéfié (GPL) et 101 millions de barils de condensats.
Le projet phare saoudien : Al-Jafoura à 11 milliards de dollars
L’Arabie Saoudite a levé 11 milliards de dollars pour le développement du gisement de gaz de schiste d’Al-Jafoura.
Financement : L’intégralité du développement sera financée par un consortium de poids : le Fonds d’investissement public saoudien (PIF), Mubadala, le fonds souverain singapourien GIC, et le Fonds arabe de l’énergie.
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- Enjeux : Al-Jafoura, le plus grand gisement non associé du royaume avec des réserves certifiées de 229 000 milliards de pieds cubes, est un pilier de la transition énergétique saoudienne.
- Objectif : Porter la production nationale de gaz de 18 à 28 milliards de pieds cubes par jour d’ici 2030. Cela permettra de réduire la part du pétrole dans la production d’électricité, libérant ainsi des volumes supplémentaires de brut pour l’export.
L’Algérie attire les capitaux étrangers : Illizi sud à 5,4 milliards
Alger a conclu un contrat de partage de production de 5,4 milliards de dollars sur trente ans (prolongeable de dix) avec la société saoudienne Madad North Africa Energy pour le permis Illizi Sud.
Madad prend la charge financière en finançant 100 % des opérations (dont 288 millions de dollars pour l’exploration), assumant ainsi le risque. L’entreprise nationale Sonatrach reste opérateur, assurant la maîtrise nationale de l’exploitation, tandis que l’État perçoit redevances et taxes.
Le partenariat table sur une production cumulée de 993 millions de barils équivalent pétrole, incluant 125 milliards de mètres cubes de gaz commercialisable.
Comment l’Égypte, le Qatar et l’Irak naviguent sur le marché du gaz ?
Alors que l’Arabie Saoudite et l’Algérie misent sur des projets d’envergure, d’autres acteurs du monde arabe affichent des stratégies plus ciblées :
- Égypte : Se positionne comme un hub de liquéfaction. Le pays a signé un accord avec Chypre pour exporter le gaz du bloc Chronos vers l’Europe via ses terminaux d’Idku et Damiette. BP prévoit aussi d’ajouter 800 millions de pieds cubes par jour d’ici 2027 avec de nouveaux forages en Méditerranée.
- Qatar : Renforce sa position sur le marché asiatique avec un contrat d’exportation de 1 million de tonnes par an de GNL vers l’Inde pendant 17 ans, à partir de 2026.
- Irak : Vise l’autosuffisance électrique d’ici 2028. Bagdad a signé pour l’installation d’une unité flottante de stockage et regazéification afin de réduire le torchage annuel de 18 milliards de mètres cubes de gaz.
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Au total, plus de 20 milliards de dollars ont été mobilisés en octobre par six pays arabes. La stratégie commune de l’Arabie Saoudite et de l’Algérie — attirer d’importants capitaux étrangers pour développer rapidement des gisements complexes, tout en maintenant le contrôle national des ressources — est en train de redessiner la carte énergétique du monde arabe, du Sahara oriental à la Péninsule.
