«L’Algérie préconise toujours des solutions démocratiques, négociées»
Le chef de la diplomatie algérienne a expliqué dans les détails la position de l’Algérie en ce qui concerne la crise malienne, les révolutions libyenne, tunisienne et le conflit syrien.
C’est un ministre des Affaires étrangères très en verve, qui a abordé sans complexe les foyers de tension à nos frontières.
Cette ceinture de feu qui encercle l’Algérie, dont les flammes doivent être éteintes en écartant le risque de les voir se propager. Ne pas les entretenir porte l’empreinte de la diplomatie algérienne.
«L’Algérie préconise toujours des solutions démocratiques, négociées en toute responsabilité dans le cadre des principes cardinaux connus de tous», quand il s’agit des pays voisins a affirmé le ministre des Affaires étrangères dans une interview accordée à Jeune Afrique.
Ramtane Lamamra répondait à une question sur le rôle joué par l’Algérie pour trouver une solution à la crise malienne.
«Le processus politique pluraliste est en train de réussir…Il y a un consensus de la quasi-totalité de la classe politique (malienne) autour du caractère républicain de l’Etat, de l’intégrité du territoire national et des principes clés de la Constitution», a-t-il indiqué précisant ne pas croire «aux solutions exclusivement militaires bâties sur les rapports de force, qui, par définition, sont fluctuants sans traiter les germes des crises à venir». Quelles sont les effets collatéraux de ce type de «thérapie»?
Le terrorisme et la criminalité transnationale ont été défaits «ou du moins enregistré un recul» du fait «de la mobilisation du Mali et de la communauté internationale», a fait remarquer le nouveau patron de la diplomatie algérienne qui a évité de jeter la pierre à nos voisins libyens, même si le groupe terroriste auteur de l’attaque du site gazier de Tiguentourine avait planifié son opération à partir de leur territoire. «Nul ne peut jeter la pierre à un gouvernement qui, de bonne foi, ne serait pas en mesure de contrôler la totalité de ses frontières terrestres» a-t-il fait observer.
Des «défaillances ou faiblesses» qui peuvent être expliquées par la phase de reconstruction de l’Etat que traverse la Libye a ajouté M.Lamamra. Quant aux événements qui secouent la Tunisie voisine, le successeur de Mourad Medelci a indiqué que l’Algérie ne peut rester indifférente aux difficultés qu’elle rencontre tout en précisant le type d’apport de l’Algérie pour aboutir à un règlement de la crise qui sévit dans ce pays «Il s’agit de sollicitude, pas de médiation afin d’inciter les Tunisiens à travailler ensemble pour aplanir leurs différends».
«L’Algérie et son Président prodiguent conseils, recommandations et encouragements. Nous ne sommes pas dans une logique de médiation», a tenu à rappeler Ramtane Lamamra qui a analysé les bouleversements qu’ont connus certains pays arabes. Si de nombreuses sociétés arabes souhaitent le changement, l’Algérie a fait sa mue en Octobre 1988 a tenu à faire observer le chef de la diplomatie algérienne. Un processus qu’elles n’ont suivi que pratiquement un quart de siècle plus tard. Une leçon que les Algériens ont su retenir.
l’Algérie partait du postulat que «de nombreuses sociétés arabes veulent le changement, mais en Algérie le message a été bien reçu après les évènements d’octobre 1988, et un processus de réformes a été engagé», a-t-il souligné.
Ailleurs «les régimes en place ont ignoré cette exigence de changement» a-t-il indiqué. «Nous avons la conviction que la réponse à cette exigence ne saurait être militaire… Il s’agit d’aspirations politiques qui ne peuvent être traitées que par des moyens pacifiques» a-t-il recommandé. «Accompagner ces aspirations par des rebellions armées, lesquelles provoquent en réponse l’utilisation excessive de la force, ne conduit à aucune solution durable», a averti le ministre algérien des Affaires étrangères qui a mis en exergue le conflit syrien pour appuyer sa thèse.
«Notre diplomatie a mis tout son poids dans la balance pour trouver une solution politique au conflit syrien et convaincre les différentes factions d’engager un dialogue», a-t-il rappelé.
La conférence de Genève 2 sera «l’amorce d’un processus de réhabilitation du dialogue» a-t-il présagé tout en rappelant que «l’Algérie a toujours observé le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’autrui, mais non-ingérence ne signifie pas indifférence», a-t-il encore précisé.
L’Algérie a toujours privilégié la recherche du compromis «plutôt que d’encourager l’affrontement et les déchirements fratricides» a signalé Ramtane Lamamra.