L’Algérie est classée à la 105ème place des pays les plus corrompus au monde sur un panel de 178 Etats

L’Algérie est classée à la 105ème place des pays les plus corrompus au monde sur un panel de 178 Etats

L’urgence d’une «véritable» réforme

Transparency International, ONG de lutte contre la corruption, a rendu public hier son Indice de perceptions de la corruption (IPC) pour 2010. Selon ce rapport, l’Algérie reste toujours parmi les pays les plus corrompus au monde.

A contrario, le débat national sur la corruption reste, selon les observateurs, sous dimensionné et de bricolage. L’Algérie a quand même gagné six places. Elle passe de la 111ème place, en 2009, à la 105ème en 2010 et ce, sur 178 pays classés. A priori, cette légère baisse de la corruption est le résultat de la concrétisation des arsenaux juridiques et législatifs, installés durant la dernière décennie.

Toutefois, un autre son de cloche émane de l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AALC), qui est présidée par Djillali Hadjadj. En effet, l’AALC est revenue sur la dernière déclaration du 1er ministre Ahmed Ouyahia de la politique générale du gouvernement, en estimant que «non seulement, l’Algérie ne fait aucun progrès en matière de corruption, mais bien au contraire cette stagnation s’explique par l’absence de volonté politique au plus haut niveau de l’Etat, à lutter contre la corruption». L’AALC déclare que la politique du gouvernement exposée par Ahmed Ouyahia, n’a fait état que de «l’existence de la Directive présidentielle N° 3 de décembre dernier relative à l’intensification de la prévention et de la lutte contre la corruption», sans pour autant présenter les résultats de l’application de cette directive.

Aussi, le premier ministre a évoqué les «nouvelles dispositions législatives introduites dans les lois relatives à la lutte contre la corruption», dispositions annoncées par le Conseil des ministres du 25 août dernier, mais le chef du gouvernement n’explique pas pourquoi, à ce jour deux mois après la tenue de cette réunion , l’Office de Répression de la Corruption n’a toujours pas été installé, alors que le chef de l’État avait ordonné au gouvernement de procéder à l’installation rapide de cet organisme, explique l’AALC.

A ce titre, l’Organe Central de Prévention et de Lutte contre la Corruption, prévu par la loi du 20 février 2006 et qui n’est toujours pas opérationnel, quatre ans et huit mois plus tard, ne suscite plus apparemment l’intérêt du gouvernement. Certes, Ahmed Ouyahia a fait allusion au nouveau Code des marchés publics, mais sans donner de précision sur la non publication à ce jour au Journal Officiel du décret présidentiel relatif à la nouvelle réglementation sur les marchés publics, décret adopté le 11 juillet dernier, il y a trois mois et demi !

L’unanimisme des députés

Pour rappel, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a déclaré dans son énoncé de politique générale que «ces mécanismes mis en place pour lutter contre la corruption et la prédation ne sont pas suivis d’effets. «En tout état de cause, les nouvelles dispositions législatives introduites dans les lois relatives à la lutte contre la corruption, à la répression du trafic des changes, au renforcement du rôle de la Cour des Comptes après celui de l’Inspection générale des Finances, ainsi qu’à la régulation de la Monnaie et du Crédit, sont là pour confirmer la détermination du gouvernement, conformément aux orientations présidentielles, d’aller davantage de l’avant dans cette lutte contre le crime économique qui fait souvent jonction avec le trafic de drogue, ou le blanchiment d’argent, et donc avec la grande criminalité qu’il importe de réduire dès à présent», relève-t-on de son dernier discours à l’APN.

Dans la foulée, le député du Rassemblement national démocratique (RND), M. Seddik Chihab, a souligné que le fléau de la corruption «nuit au processus de développement que vit le pays», avant d’ajouter qu’«il y a eu un consensus lors du débat chez tous les intervenants sur la nécessité de combattre le fléau de la corruption, qui date des années 80».

Quant au député du Mouvement Ennahda, Mohamed Hedibi, il est défaitiste en déclarant que «quels que soient les budgets consacrés, aucun gouvernement ne peut réussir ses efforts de développement, s’il ne met pas un terme aux phénomènes de la corruption et de la dilapidation des deniers publics».

Le parti du Front de libération nationale (FLN), par le biais de son député, Mohamed Kamel Rezki, se déclare avec affirmation les mesures prises par le gouvernement, notamment, dans les domaines de la protection de l’économie nationale et de la lutte contre la corruption.

De son côté, le député indépendant, Slimane Saâdaoui, a plaidé en faveur de l’implication des élus du peuple dans l’élaboration des politiques de développement local. A posteriori, pour diminuer ce fléau qui gangrène le pays, il faut, selon les observateurs, plus d’arsenal de lutte, plus de fermeté… plus de reformes.