L’Algérie demande à ses imams de s’engager totalement dans la lutte contre l’extrémisme et l’obscurantisme.
« Le rôle de la mosquée est aussi de préserver la société et de l’immuniser contre la division et la haine », a déclaré le ministre des Affaires religieuses Bouabdellah Ghlamallah mercredi 22 janvier.
Il a souligné les valeurs de tolérance qui sont profondément enracinées dans la société algérienne.
Il a également rappelé le plébiscite par le peuple algérien de la réconciliation nationale, « plaçant ainsi l’intérêt suprême du pays au-dessus de toute autre considération ».
Le 16 janvier, le ministre a également indiqué que « huit cents imams ont été formés entre 2010 et 2012 », qualifiant ce résultat d’amélioration « progressive » qui répond aux doléances de la société.
« Mille cinq cents imams conférenciers et deux cent quarante imams principaux, ainsi que des muezzins et des enseignants du Coran ont été recrutés », a-t-il souligné, ajoutant que son ministère recrute des diplômés de l’université qui reçoivent ensuite une formation complémentaire dans des instituts religieux.
Le gouvernement algérien a fait clairement connaître sa position.
Il souhaite reprendre le contrôle des mosquées qui avaient été utilisées par les groupes extrémistes durant la « Décennie noire » pour répandre leurs messages de haine et de violence envers ceux qui ne partageaient pas leurs opinions.
Le gouvernement a publié un décret en début de mois destiné à réglementer les quelque vingt mille institutions que compte l’Algérie.
Cette loi, première de son genre dans le pays, vise à permettre aux mosquées de jouer leur rôle essentiel indépendamment de toute influence, politique ou autre.
« La mosquée assure une fonction d’orientation qui consiste à ordonner le bien et à proscrire le mal », stipule l’Article 8 de ce décret.
Pour ce faire, ces institutions religieuses doivent « contribuer à renforcer l’unité religieuse et nationale, préserver la société contre les idées fanatiques, extrémistes et exagérées, enraciner et consolider les valeurs de tolérance et de solidarité au sein de la société, lutter contre la violence et la haine, et contrer tout ce qui pourrait porter atteinte au pays », précise cette loi.
Elle interdit également strictement « l’exploitation des mosquées aux fins de réaliser des objectifs illicites, soit personnels, soit collectifs, ou à des fins purement matérielles ». L’Article 12 interdit « d’exploiter les mosquées en vue de porter préjudice à des personnes ou à des groupes ».
Le gouvernement algérien a indiqué que les mosquées ne doivent pas être uniquement des lieux de culte, mais qu’elles ont aussi un rôle à jouer dans le domaine culturel, éducatif et social.
Les autorités tiennent également à encadrer la collecte de fonds dans les mosquées. Pendant la « Décennie noire », ces fonds étaient utilisés pour financer les groupes terroristes. Désormais, aux termes de cette nouvelle loi, « la collecte des quêtes au sein de la mosquée est soumise à une autorisation administrative ».
« Le moment est venu pour la mosquée de reprendre sa véritable place dans la société », a expliqué le sociologue Ahmed Kheldoun. « Elle ne doit plus être considérée comme seulement un espace de culte. »
« La mosquée doit également accompagner la société algérienne dans le domaine éducatif et social », a-t-il ajouté.
Slima Rabhi, universitaire, se réjouit de la publication de ce décret : « La mosquée doit jouer un rôle rassembleur, non le contraire. »
« L’extrémisme et l’exclusion doivent être bannis de ce lieu pour laisser place à des messages de paix, de réconciliation et d’ouverture », souligne-t-elle.