L’Algérie en mode ‘’Baraka’’ !

L’Algérie en mode ‘’Baraka’’ !

Tout le monde est conscient que l’ère du pétrole tire à sa fin. Chacun sait aussi qu’un pays qui veut aller de l’avant ne peut asseoir toute son économie sur la seule rente pétrolière, etc. Mais nos vaillants décideurs savent que tous ces avis défaitistes d’experts ne valent pas la chimérique “baraka” qui protège contre vents et marées la planète Algérie.

50 ans, l’âge du démon de midi !

Peut-on carburer indéfiniment à la baraka ? Non. Même le dernier des pragmatiques ne le conseillerait pas. Le temps de grâce a trop longtemps duré. 50 ans c’est quand même un demi-siècle. Un âge adulte où l’on ne pardonne plus les bêtises. Aujourd’hui, le temps du réalisme et du rationalisme est arrivé. Il va falloir faire des projets, des prévisions, commencer à entrevoir l’après-pétrole. D’ailleurs, il se trouve que même les chefs d’entreprise s’impatientent.

Pour certains d’entre eux, ils prennent de l’âge et souhaiteraient assister, de leur vivant, à ce jour béni où l’Algérie prendrait enfin son envol. Pour les autres opérateurs, beaucoup plus jeunes, appartenant à une génération où tout va très vite, le temps c’est de l’argent. Ils ne veulent pas le gaspiller, comme l’ont si longtemps fait leurs aînés. Les jeunes veulent que ça bouge. Ils pensent que l’économie, ça ne doit pas rester inerte. Ils estiment que le gouvernement réfléchit beaucoup, tergiverse énormément, mais n’entreprend rien de concret qui ne soit lié aux hydrocarbures. Alors, ils ont décidé d’agir. Notamment ceux spécialisés dans le secteur agroalimentaire produisant plus de la moitié du PIB et employant des centaines de milliers de travailleurs. Ils ont compris la nécessité absolue de promouvoir et d’encourager ce secteur, à l’instar des pays voisins qui n’ont que l’agriculture et le tourisme pour assurer leur développement économique. C’était les 14 et 15 mars à l’occasion du symposium intitulé “De l’urgence d’une nouvelle économie moins dépendante des hydrocarbures”, initié par le Forum des chefs d’entreprises (FCE) à l’hôtel El-Aurassi, à Alger. Pour la symbolique des 50 ans de l’Algérie indépendante, le FCE propose 50 mesures économiques réparties en quatre rubriques. Relance et soutien à l’investissement, réduction du champ de l’informel, amélioration du climat des affaires et mesures d’organisation économique et d’ordre institutionnel. Mais si l’Algérie a effectivement arraché son indépendance depuis un demi-siècle vis-à-vis du colonisateur français, elle peine cependant à se libérer du joug pétrolier. Une autre forme de dépendance, certes, mais une dépendance quand même ! Il n’est pas bon d’être addict… même au pétrole !

échec et mat !

Lors de cette rencontre, économistes et opérateurs économiques étaient unanimes. L’état des lieux qui y a été dressé donne froid dans le dos. Mais les chefs d’entreprise ne se sont pas contentés de déplorer les choses, sans proposer des solutions à même de relancer la machine Algérie. Dans son intervention, l’ancien ministre de l’économie, Hocine Benissad, considère que peu importe l’option à retenir. Substitution à l’importation ou orientation exportatrice, l’essentiel est de réunir toutes les conditions nécessaires pour amorcer le décollage économique. Selon lui toujours, le climat des affaires en Algérie demeure “obscur”, ce qui est de nature à décourager l’investissement étranger.

Il estime que l’effort doit désormais se réorienter vers l’investissement productif. M. Benissad appelle aussi à mettre l’accent sur le développement de la ressource humaine. Un potentiel à valoriser et aussi à se doter d’une capacité de création technologique. “Nous sommes dans une guerre économique, il faut s’en donner les moyens !”

Prenant la parole à son tour, le président du FCE, Réda Hamiani, prône l’urgence d’une nouvelle économie moins dépendante des hydrocarbures. Il a ainsi mis en exergue la nécessité d’instaurer un dialogue et un consensus entre les gouvernants, les preneurs de décision et les entrepreneurs afin d’avancer dans le développement et la croissance économique.

Il exhorte les décideurs à en finir avec l’ère de l’hyperdépendance des hydrocarbures en se lançant dans la production et les exportations hors hydrocarbures. “L’époque de la monoexportation est définitivement révolue !”

Le président du FCE développe également : “Notre conviction, toujours la même, est que c’est par l’approfondissement des réformes et par la restructuration de l’économie nationale, par la transformation du mode de croissance et l’expansion du secteur privé que nous pourrons réaliser des progrès décisifs dans cette direction !” M. Hamiani a notamment insisté sur une impérieuse et absolue recommandation : “Nous rassembler autour d’un consensus sur les choix de long terme. Nous demeurons convaincus que le consensus vertueux, que le consensus gagnant, ne peut se construire et ne doit se construire qu’autour de l’entreprise !”

Enfin, ce ne sont que des propositions. Ça ne bouffe pas du pain. Mais si on continue à tergiverser dans la même voie, c’est tout le peuple algérien qui risquera de manquer de pain !

Finalement, serait-ce juste un symposium de plus ? Ou alors serait-on plus sensible à ces 50 propositions du FCE, du côté du gouvernement ? En mode “baraka” d’ici qu’intervienne un changement notable, il coulera beaucoup de… pétrole.

R. L.

Liberterabahlarbi3c@hotmail.com