L’algérie écartée de la course aux oscars 2018 : Rachid Bouchareb débouté

L’algérie écartée de la course aux oscars 2018 : Rachid Bouchareb débouté

L’Afrique sera tout de même bien représentée puisque l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences a annoncé les noms de Félicité du Sénégalais Alain Gomis et Les Initiés du Sud-Africain John Trengove.

Il y a quelques jours, pendant la tenue de la 8e édition du Festival international d’Alger dédié au film engagé, on nous avait annoncé pompeusement que le dernier film de Rachid Bouchareb Sur la route d’Istanbul figurait dans la pré-liste sélectionnée en lice pour l’Oscar du meilleur film étranger.

Il fera même l’objet de film de clôture en présence d’un Rachid Bouchareb ému, à qui on a rendu hommage. Et pourtant, le festival venait à peine d’éteindre ses lampions que la short-list fut dévoilée. Nulle trace du film de Rachid Bouchareb. Sans aucune surprise, l’Algérie a été officiellement éliminée de la course à l’Oscar du meilleur film étranger, puisque le représentant algérien du fameux Prix américain a été écarté par l’Académie des Oscars 2018. Comment cela aurait pu être autrement, sachant que pour pousser un film à se faire remarquer par le comité des Oscars, il faut une grosse force de frappe et un lobbying puissant qui se traduit en plusieurs chiffres en argent. N’a-t-on pas oublié que les caisses de l’Etat en faveur du cinéma sont quasi vides, nous assure-t-on et que austérité oblige, tout est revu à la baisse? Pis encore! n’a-t-on pas oublié le coup de gueule de Lotfi Bouchouchi, l’an dernier qui reprocha au ministère de la Culture de ne pas l’aider suffisamment pour booster justement la promotion de son film Le Puits aux côtés de ces «influenceurs» américains, lesquels sont amenés à juger les films? De plus, on se souvient que le film n’avait pas trop marché lors de sa participation au Festival international d’Oran du film arabe, ayant essuyé après sa projection de vives critiques de la part des médias. Certains spectateurs au dernier Festival international du film engagé n’avaient, non plus, pas trop apprécié le film l’ayant trouvé truffé d’erreurs, notamment au niveau de la langue utilisée par certains personnages…Bref, qu’on se le dise! Sur la route d’Istanbul n’est pas le meilleur des films de Rachid Bouchareb. Ce dernier est loin de faire le poids à côté par exemple de Little Senegal. En tout cas, si aujourd’hui l’Etat se souvient de lui, en le plaçant au-devant des projecteurs, on se souvient que pour son film Indigènes, ce n’était pas vraiment le cas, le film ayant été tourné avec peu de moyens algériens, avant que l’on ne prenne conscience de la bévue et qu’on décide de bien soutenir Rachid Bouchareb pour Hors-la-loi. Film franco-algérien sorti en septembre 2010. Ce film fait surtout suite au succès de Indigènes qui avait reçu le Prix d’interprétation masculine, lors du festival de Cannes 2006, et est également sélectionné en compétition officielle pour le festival de Cannes 2010.

Il représentera aussi l’Algérie aux Oscars 2011 dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère. Le film avait fait, l’on se souvient, l’objet d’une grande polémique médiatique et des manifestations en France en mai 2010, à cause de l’histoire des massacres de Sétif et Guelma. Sur le coup, le ministère de la Culture via l’Aarc, (l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel,) voulant rattraper le coup, avait organisé une somptueuse cérémonie à Cannes, en l’honneur de ce film et les comédiens. Sauf qu’aujourd’hui, l’Aarc est presque l’ombre d’elle-même, a passé l’arme à gauche et les cinéastes doivent souvent patienter pour que l’argent du Fdatic se débloque…Bref, si l’Algérie n’ira pas aux Oscars, l’Afrique sera tout de même bel et bien représentée cette année, puisque parmi les neuf finalistes en lice pour les Oscars pour la prochaine édition, l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences a annoncé les noms de Félicité du Sénégalais Alain Gomis et Les Initiés du Sud-Africain John Trengove. Ces derniers concourent aux côtés de In the Fade (Allemagne), The Square du Suédois Ruben Östlund, Faute d’amour du réalisateur russe Andrey Zvyagintsev, trois films récompensés à Cannes, ainsi que Une femme fantastique de Sebastián Lelio (Chili), Foxtrot de Samuel Maoz (Israël), Corps et âmes de la réalisatrice hongroise Ildiko Enyedi et enfin le seul représentant du Monde arabe avec L’insulte du Libanais Zied Doueiri… Toutefois, il est bon de rappeler que l’Algérie est le pays africain et arabe qui possède le plus important nombre de nominations aux Oscars et a déjà gagné la statuette dorée en 1970 avec le film Z de Costa Gavras.