L’Algérie double les importations de ses produits alimentaires,L’économie nationale: un tigre en papier?

L’Algérie double les importations de ses produits alimentaires,L’économie nationale: un tigre en papier?
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Cette morosité économique s’inscrit dans une série de grèves et de mouvements sociaux

Lorsqu’un pays affiche une santé financière aussi insolente que celle de l’Algérie (plus de 160 milliards de dollars de réserves de change) alors qu’il n’arrive même pas à assurer son autosuffisance alimentaire, c’est que quelque chose ne tourne pas rond.

L’économie algérienne qui avait débuté l’année 2011 sur les chapeaux de roues vient de nettement marquer le pas. Pire, elle donne des signes évidents de vulnérabilité chronique. Une fragilité qui trouve son explication dans sa quasi-dépendance par rapport à ses exportations en hydrocarbures. Sans le pétrole, l’Algérie n’aurait pas pu assumer les salaires de millions de salariés (la population active est estimée à plus de 9 millions de travailleurs). Sans le pétrole, le ventre de 36 millions d’Algériens aurait crié famine. Pourquoi? Le secteur agricole n’arrive pas à produire suffisamment pour satisfaire ne serait-ce que les besoins de la population en produits de première nécessité(céréales, lait…).

Les derniers chiffres livrés par le Centre national de l’informatique et des statistiques (Cnis) sont édifiants. «Les importations algériennes de produits alimentaires ont enregistré durant le 1er semestre 2011 une progression de plus de 59%, tirée à la hausse essentiellement par les céréales dont les achats ont augmenté de plus de 99% à 2,04 milliards de dollars», ont indiqué, dimanche, les Douanes algériennes dans un communiqué répercuté par une dépêche de l’APS. L’Algérie double les importations de ses produits alimentaires. Elles avaient augmenté de 31,9% au 1er trimestre 2011 par rapport à la même période en 2010.

Lorsqu’un pays affiche une santé financière aussi insolente que celle de l’Algérie alors qu’il n’arrive même pas à assurer son autosuffisance alimentaire, c’est que quelque chose ne tourne pas rond. Et lorsqu’il importe à tour de bras des céréales et du blé pour fabriquer son pain, il faut tout simplement tirer la sonnette d’alarme. Ce cinglant échec économique doit être assumé par les responsables qui ont pour mission d’offrir un cadre de vie décent, pour ne pas dire de qualité aux Algériens et mettre fin à cet éternel réflexe qui consiste à recourir aux importations à chaque fois qu’il y a le feu à la maison. A chaque fois que le ventre court le risque de crier famine. Ce type de sémantique n’est pas inopportun car c’est effectivement de produits de consommation de base dont il s’agit. Le phénomène de recours aux produits alimentaires importés pour satisfaire les besoins de large consommation n’honore ni les responsables qui ont sous leur coupe les secteurs concernés et encore moins l’action d’une équipe gouvernementale qui donne des indices implacables de son échec. De quoi peuvent, en effet, se targuer nos ministres? D’une fabuleuse manne financière, due aux seules exportations d’or noir, sur laquelle repose l’économie nationale ou de l’avenir probablement compromis des futures générations qui ne jouiront pas de cette ressource non renouvelable que l’on aura peut-être épuisée d’ici moins d’un demi-siècle? L’un dans l’autre, c’est l’image de l’Algérie qui en pâtit. Promise au rang de puissance régionale il y a si peu de temps, elle doute aujourd’hui de son miracle économique. L’exploration pétrolière en 2011 devait connaître une hausse de 40%, avait annoncé Youcef Yousfi, le ministre de l’Energie. «En 2010, nous avons fait 29 découvertes de gisements d’hydrocarbures. L’Algérie pourrait même exploiter ses mines de charbon, si cela est nécessaire», avait-t-il assuré tout en précisant que 70% du sous-sol algérien n’ont pas été prospectés. Le rapport de l’Opep rendu public, jeudi dernier, s’inscrit en faux. Depuis 2006, les réserves prouvées du pays qui s’élevaient à 12,2 milliards de barils sont restées quasiment inchangées. Cette morosité économique s’inscrit dans une série de grèves et de mouvements sociaux qui attestent d’un malaise social que seules les hausses de salaires tentent de mettre en sourdine. Le rêve tant espéré d’un miracle économique s’effiloche…