Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a affirmé mercredi à Valence (Espagne) que l’Algérie était disposée à partager, avec ses partenaires, son expérience et son savoir-faire dans le domaine des ressources en eau.
« C’est dans cette optique qu’elle co-parraine avec l’Espagne une initiative sur l’eau dans le cadre du 5+5 », a indiqué le chef de la diplomatie algérienne dans une allocution au séminaire sur l’initiative algéro-espagnole relative à la Stratégie de l’eau en Méditerranée occidentale.
Le document conceptuel afférent à l’initiative a été élaboré conjointement entre les deux parties, à l’issue de « fructueuses » consultations bilatérales, a-t-il dit, ajoutant que ses grands axes ont été succinctement présentés aux Etats membres, en marge du Forum économique de Barcelone, en octobre dernier.
Le chef de la diplomatie algérienne a appelé les participants au séminaire à enrichir l’initiative algéro-espagnole relative à la Stratégie de l’eau en Méditerranée occidentale et demandé aux experts de proposer des projets « viables » qui auront des « retombées positives » sur les populations, en termes d’amélioration de leurs conditions de vie, notamment par un accès pérenne à l’assainissement et à une eau potable et abondante, ainsi que par une mobilisation d’eaux pour les besoins de développement économique des pays de la région.
Le ministre des Affaires étrangères a déclaré que ce travail ainsi entrepris devrait se poursuivre au cours de ce semestre, à Oran (Algérie), en vue de « finaliser » les contours de la Stratégie pour l’Eau en Méditerranée occidentale, dans la perspective de son adoption avant la fin 2014 et du lancement du nouveau Segment « Eau 5+5 ».
Il a souligné que cette initiative de l’Algérie et de l’Espagne était la deuxième du genre dans le cadre du 5+5, étant donné que l’Algérie avait déjà organisé conjointement avec ce partenaire une Conférence ministérielle 5+5 sur l’environnement et les énergies renouvelables à Oran, en avril 2010, tout en saluant les « convergences prometteuses » entre les deux pays.
Il a relevé, par ailleurs, que « la rareté de l’eau dans la région, et plus particulièrement au sud de la Méditerranée, et sa surexploitation dans tous les secteurs d’activités » rendent les défis actuels « encore plus structurels, amplifiés par les phénomènes extrêmes, tels que la sécheresse, la désertification, les glissements de terrains, les inondations et les changements climatiques ».
Le secteur de l’eau parmi les grandes priorités de l’Algérie
« C’est ainsi que consciente de l’ampleur de ces enjeux, l’Algérie a hissé le secteur stratégique de l’eau au rang de grande priorité nationale », a-t-il rappelé, affirmant que cette décision traduit la « forte volonté du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, d’impulser les grands chantiers relatifs à l’eau ».
Il a souligné que « la nouvelle politique de l’eau s’imposait d’autant plus que l’Algérie se devait de faire face aux conséquences de la variabilité pluviométrique et à la diminution des réserves d’eau de pluie, accentuées par les changements climatiques ».
« Cette politique vise fondamentalement à sécuriser l’approvisionnement en eau en quantité suffisante et en qualité adéquate afin d’assurer de manière durable l’accès équitable à l’eau et ceci, en intégrant toutes les options de mobilisation de l’eau et notamment les grands transferts, le recours au dessalement d’eau de mer et à la valorisation des eaux usées pour assurer l’égalité territoriale d’accès à l’eau et pour répondre aux besoins d’irrigation agricole », a-t-il fait valoir.
Il a expliqué que « ces efforts consentis et ces investissements réalisés ont permis à l’Algérie d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), en matière d’alimentation en eau potable et d’assainissement ».
« Ainsi, dans un souci de partage des expériences et des connaissances, l’Algérie développe des actions de coopération au triple plan bilatéral, sous régional et régional », a-t-il ajouté.
M. Lamamra a précisé qu’une coopération était « en cours » avec l’Union européenne (UE) sur un programme pilote d’appui au ministère des Ressources en eau.
L’Algérie participe aussi activement au programme de l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), dédié à la gestion des ressources en eau partagées dans la région circum-saharienne.
M. Lamamra a déclaré que « la stratégie, à laquelle nous aspirons, vise à offrir un cadre politique favorable susceptible d’aboutir à une gestion intégrée et rationnelle des ressources en eau dans les pays de la région ».
Elle vise également « à promouvoir la paix, la sécurité internationale et le respect des droits humains en matière d’accès équitable à l’eau et une gestion rationnelle et consensuelle de cette ressources sur la base de la solidarité et de l’équilibre des intérêts ».
Le MAE algérien a considéré cette stratégie de « feuille de route, présentant un cadre de principes, de lignes directrices, d’action et d’objectifs, agréés par l’ensemble des Etats membre de la région et enrichie grâce aux contributions des différentes parties prenantes, dont la société civile ».
« Une fois adoptée et mise en oeuvre, la Stratégie Eau 5+5 pourrait servir de référence pour d’autres initiatives similaires au niveau méditerranéen et dont l’objectif ultime serait d’accélérer la mise en oeuvre du droit universel d’accès à l’eau potable et à l’assainissement », a-t-il suggéré.
Il a exprimé sa conviction que cette stratégie connaîtra un « écho favorable » et « impulsera une réelle dynamique », susceptible de « consolider » sa mise en oeuvre effective et de contribuer à relever de manière « collective » et « solidaire » les défis liés à l’eau dans la Méditerranée occidentale.