L’Algérie dispose de 20% des réserves mondiales de “terres rares”

L’Algérie dispose de 20% des réserves mondiales de “terres rares”

Le sujet des “terres rares” a été l’un des nombreux axes de la conférence-débat animée par Farid Benyahia et le Pr Kamel Sanhadji, directeur de recherche en immunologie au CHU de Lyon (France) et spécialiste reconnu du sida.

L’Algérie renferme dans son sous-sol 20% des réserves des “terres rares” dans le monde. Ce groupe de métaux aux propriétés électromagnétiques uniques, également appelé Lanthanide, est indispensable dans de nombreuses technologies de pointe. Il est la base de l’industrie des hautes technologies, allant de la fabrication des écrans de smartphones aux systèmes de guidage des missiles, en passant par les aimants permanents des éoliennes.

L’information a été donnée dimanche soir par le Dr Farid Benyahia, lors de son passage au Forum de Liberté. Le consultant en Ntic précisera que ces réserves “qui se trouvent du côté de l’est et du sud-ouest” du pays, représentent l’équivalent de 2 400 milliards de dollars. Des données que Farid Brahimi affirment avoir eu “de la part de certains chercheurs”. Interpelé sur le sujet par Liberté, le consultant donnera plus de précisions.

Même s’il est resté vague sur les noms des chercheurs, il indique, néanmoins, que ces recherches dans le sous-sol algérien remontaient aux années 1970 et que les travaux s’étaient effectués en collaboration avec les Chinois. Concernant le volume des “terres rares”, Farid Benyahia précisera que ces réserves classaient l’Algérie en troisième position derrière la Chine et l’Afrique du Sud. Il n’omettra pas de préciser que malgré cette richesse, l’Algérie semble ne pas s’en préoccuper. “Je pense que le ministère de l’Industrie et des Mines n’a même pas pensé à ça”, lança-t-il avec dépit.

Le sujet des “terres rares” a été l’un des nombreux axes de la conférence-débat animée parFarid Benyahia et le Pr Kamel Sanhadji, directeur de recherche en immunologie au CHU de Lyon (France) et spécialiste reconnu du sida. Le duo s’était réuni, le temps d’une soirée ramadhanesque pour évoquer deux domaines aux “allures futuristes” mais d’une actualité criante : les nanosciences et les nanotechnologies. D’ailleurs, Farid Benyahia avait déjà publié deux livres sur ces questions, dont le dernier a été préfacé par le Pr Sanhadji.L’implication de ce dernier dans les nanotechnologie est loin d’être anecdotique. La médecine a des applications multiples et directes avec tout ce qui est manipulations et structures à l’échelle de miniature. Farid Sanhadji s’est d’ailleurs étalé sur des exemples concrets. Il évoquera ainsi les caméras d’une “taille d’un comprimé Doliprane” qui permettent d’explorer le corps humain de l’intérieur et de fournir après des films indispensables pour diagnostiquer ou traiter les maladies. Le professeur parlera longuement du décryptage du génome humain et de ce que l’alliance entre l’ADN et des puces électroniques peut donner comme résultats incroyable dans le traitement des malades. Farid Benyahia donnera,de son côté, d’autres exemples d’applications concrètes des nanotechnologies, en répétant que “l’avenir est déjà présent”.

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Virulent dans ses critiques de la situation actuelle, le consultant en Ntic préconise une solution “pour préparer le futur”. Son idée, c’est de créer un institut de recherche “qui permettra de rassembler 300 à 400 chercheurs algériens, de la diaspora et d’ici et qui vont élaborer ensemble une stratégie à long terme”. Deux repères pour lui. Le premier est de prendre comme référence l’Institut Weizmann (Israël) qui réunit les meilleurs chercheurs pluridisciplinaires et qui est considéré comme l’un des centres de recherche les plus avancés dans le monde. Son deuxième repère est de donner le nom de “Institut de l’Émir et du Cheikh”, en référence à l’Émir Abdelkader et Ibn Badis. Un appel aux autorités dont l’écho risque d’être encore une fois négatif. Ce n’est pas un hasard si le Pr Sanhadji est revenu sur une anecdote remontant à 2003. “À l’époque, j’étais député à l’APN, chargé de l’immigration et c’était la période où le séisme avait frappé fortement Boumerdès.  J’avais interpellé le Premier ministre de l’époque, Ahmed Ouyahia, sur l’urgence de faire comme les Japonais (…) et de créer un ministère des risques majeurs et la réponse de Ouyahia était ‘il n’y aura pas de ministère’” raconta-t-il.

12 ans après, sauf surprise de grande taille, le Pr Sanhadji aura probablement la même réponse. Pourtant, la situation est plus que propice avec la crise pétrolière actuelle et qui risque de durer. L’exploration des terres rares, et le rassemblement des compétences algériennes, ne doivent plus rester dans la case “vœux”, mais de les placer, en urgence, dans un plan de sauvetage du pays.

Salim KOUDIL