Le Gouvernement algérien lance un plan de développement des énergies renouvelables très ambitieux. D’ici vingt ans, l’Algérie espère produire autant d’électricité à partir des énergies renouvelables qu’elle en produit actuellement à partir de ses centrales alimentées au gaz naturel.
« Dans quelque semaines, nous allons présenter au Gouvernement un plan de développement des énergies nouvelles et renouvelables. C’est un programme extrêmement ambitieux en matière d’énergies solaire, éolienne et géothermique », a annoncé Youcef Yousfi, Ministre algérien de l’Energie, le 6 décembre à Alger. « C’est un énorme programme et un immense défi. Le Gouvernement va accompagner et aider les opérateurs dans sa mise en oeuvre. »
Le but principal de cette nouvelle politique est de préparer le pays à l’ère post-pétrolière. Si l’Algérie reste un important producteur d’hydrocarbures, qui constituent actuellement la principale source de devises étrangères pour le pays, sa demande intérieure est en constante augmentation. Des accords de coopération en matière d’énergies alternatives ont déjà été signés avec plusieurs pays, notamment la France, les Etats-Unis, le Brésil, la Russie, la Chine et l’Allemagne.
Un autre aspect couvert par ce nouveau plan consiste à maintenir la place de l’Algérie en tant que fournisseur d’énergie à l’Europe et de futur fournisseur d’énergie « propre ». Alors que la protection de l’environnement devient une question politique de plus en plus pressante, et au vu de la hausse inexorable des prix du pétrole, il existe de nombreuses incitations à mettre en oeuvre des politiques qui encouragent l’utilisation de sources d’énergie alternatives.
C’est dans cet esprit que l’Algérie a lancé en 2007 la construction d’une centrale électrique hybride, utilisant à la fois l’énergie solaire et le gaz naturel, pour produire 180 mégawatts d’électricité, en plus de plans pour une centrale électrique solaire dans le Sahara d’une capacité de 150 mégawatts. Dans un avenir proche, l’Algérie devrait produire ses propres turbines à gaz et espère également concevoir et construire des centrales électriques en utilisant des entreprises nationales.
« C’est une nécessité, et même si cette stratégie est venue en retard, nous allons rattraper le temps perdu », a déclaré la présidente de Sundous Energy, Amina Benhamou, à Magharebia, soulignant les problèmes bureaucratiques qui ont entaché le programme déjà existant de développement des énergies renouvelables. « On ne fait que le commencer alors qu’on arrive à la fin de la période quinquennale sur laquelle il devait se dérouler. »
En sa qualité de chef d’entreprise, elle a souligné qu’il y avait une très forte demande en énergie solaire, mais que les coûts prohibitifs associés à cette solution rebutaient les gens.
« L’Etat doit nécessairement aider pour que ce marché se développe. Il faut voir loin. Le Maroc et la Tunisie sont déjà bien plus avancés que nous en la matière, alors que l’Algérie dispose du gisement solaire le plus important de la région et de plus de moyens », a-t-elle souligné.
Elle a également parlé de la nature essentielle des ressources humaines. « On ne peut avancer sans former les gens. Il faut dispenser une certaine culture à ce propos. Il y a un manque de compétences, de main-d’œuvre qualifiée dans le domaine et ce n’est pas un petit module de quelques heures dans le cursus de l’ingénieur qui va changer les choses. »
« Il faudrait aussi pouvoir injecter l’électricité produite par ces énergies alternatives dans le réseau de distribution national. La loi existe, mais elle n’est pas appliquée. Ce n’est pas fait pour encourager les initiatives. Mais je reste fondamentalement optimiste », a conclu Mme Benhamou, citant l’exemple de la promesse du Ministère de l’Environnement et du Développement de construire « l’éco-cité » de Boughzoul.
La question des énergies renouvelables a été au programme de la réunion du Conseil des Ministres du 5 décembre, au cours duquel les Ministres se sont penchés sur une communication relative à la création de l’Institut algérien de l’énergie renouvelable aux termes des décrets présidentiels requiérant la promotion de ces nouvelles sources d’énergie. Ces directives ont déjà favorisé la promulgation de la loi sur le contrôle de l’énergie en 1999 et de la loi sur les énergies renouvelables en 2004.
Le Président Abdelaziz Bouteflika a chargé le Gouvernement d’élaborer des mesures visant à encourager l’investissement et à capitaliser sur les résultats de la recherche scientifique, notamment en matière d’énergies renouvelables, pour profiter à l’économie. Il a également demandé au Gouvernement d’élaborer un plan national crédible pour le développement de nouvelles énergies renouvelables avant le Conseil des Ministres en 2011.
Lors de sa visite officielle en Allemagne du 8 décembre, le Président Abdelaziz Bouteflika et la chancelière Angela Merkel sont convenus de mettre en place une commission économique conjointe pour développer le projet Desertec.
Ce projet, qui sera piloté par des entreprises allemandes, est destiné à créer un vaste réseau de fermes éoliennes et solaires en Afrique du Nord et au Moyen Orient au cours des quarante prochaines années, qui devra assurer 15 pour cent des besoins en électricité de l’Europe.