L’Algérie dernier pays dans le Maghreb en matière d’ouverture de la radio

L’Algérie dernier pays dans le Maghreb en matière d’ouverture de la radio

Par Amira Soltane

«Média nomade par excellence, émancipée de toute contrainte spatiale, la radio bouge, la radio n’est que mouvement. Sa seule voie, la voix.» De Michel Field / Les Dossiers de l’audiovisuel

«Le poète est parti, la radio a pris sa place» disait Naguib Mahfouz dans son livre Impasse des deux palais, sur ce média sonore. Alors que l’Algérie a ouvert le champ audiovisuel pour les télévisions, il est hermétiquement fermé aux radios privées. En effet, il n’existe aucune radio privée qui diffuse sur les fréquences radios en Algérie. Le champ radiophonique et la délivrance des fréquences sont détenus par l’Etat, qui a créé 48 radios publiques et zéro radio privée.

Cela n’a pas empêché des privés de lancer des radios sur le Web, c’est le cas de Radio Shems appartenant au Groupe Ennahar TV, Radio M appartenant au Groupe Algérie interface de Kadi Ihsène et Radio sarbacane, appartenant à Abdelkrim Zeghilèche. Cette dernière a été créée en décembre 2012 par Sarbacane, Radio- Web Constantine. Depuis sa création, elle a reçu plusieurs invités de marque, issus de tous les domaines, à l’exemple de Noureddine Boukrouh, Tarik Ramadan, Michel Colon, Alain Soral, Blam, mais aussi des figures connues de la scène culturelle comme Lotfi Attar, Djam, Democratoz, Salim Fergani, etc. Elle traite de tous les sujets, sans tabous, qu’ils soient d’ordre politique, économique, social, culturel et sportif. Sa devise: donner la parole à tous sans aucune distinction. Radio M, est quant à elle versée dans la politique, proche de l’opposition. Appartenant au journaliste Kadi Ihsène, qui dirige Maghreb Emergeant et huffpostmaghreb, sa radio Web a échappé à la fermeture après l’épisode des déclarations du général Benhadid.

Alors que Radio Shems d’Ennahar TV est plus versée dans la culture et le social, aujourd’hui, l’Algérie est le seul pays du Maghreb en retard sur le monde de la radio avec fréquence. Nos deux pays voisins ont pris une avance considérable en matière de radios privées. La Tunisie possède une cinquantaine de radios privées qui ont été installées après la révolution du Jasmin. Alors que d’autres se sont installées du temps de Ben Ali, c’est le cas de Mosaïque FM: lancée depuis le 7 novembre 2003, Jawhara FM qui existe depuis le 25 juillet 2005, diffusant sur le Sahel et le Centre en arabe ou encore Zitouna FM qui diffuse depuis le 13 septembre 2007 et qui appartient aux mouvements islamistes. Plus de 50 radios ont obtenu une autorisation de diffusion de la part de l’Instance tunisienne indépendante pour la réforme de l’information et de la communication (Inric) puis de la Haute Autorité indépendante de la communication audiovisuelle.

Même situation au Maroc qui possède déjà une avancée dans le domaine des radios. Après une longue période de monopole, ou de quasi monopole étatique, les seules radios autorisées au Maroc étant la radio publique et Medi, le Maroc avait décidé de libéraliser ses ondes et d’autoriser la création d’une trentaine de radios privées. Des radios sont encadrées par la Haca, l’Autorité marocaine de l’audiovisuel. Parmi les radios, Cap Radio cible la région nord du Maroc, le Rif, les émissions sont dans le dialecte berbère tarifit et en arabe dialectal. Hit Radio: radio orientée vers les jeunes, musique, notamment du rap, ou encore Medi 1 Radio: la plus connue en Algérie et très captée à l’Ouest et qui couvre tout le Maghreb.