Entre les déclarations officielles qui affirment que l’Algérie n’a pas pêché de thon rouge cette année, et celle des professionnels qui déclarent que «les quotas non déclarés sont deux fois plus importants que les quotas avancés officiellement», une chose est sûre, le thon rouge algérien se consomme ailleurs via des contrats légaux ou illégaux. Migrant par sa nature, l’espèce nationale de thon rouge ne déroge pas à la règle même après sa pêche.
Le trafic se fait dans les eaux, les affairistes ont fait l’objet de plusieurs amendes et de saisies. Mais de multiples conventions de vente ont été conclues dans le marché informel. Interrogé sur la situation de la pêche du thon en Algérie, le président du Comité national des marins-pêcheurs, indiquera que «les quotas non déclarés constituent le triple des quotas avancés».
Une réalité qui laisse perplexe et le département de la Pêche et des ressources halieutiques estime que l’Algérie n’a pas investi ses ressources maritimes en cette matière. L’argument présenté à cet effet est relatif à l’interdiction de recourir à des pêcheurs étrangers, introduite pour la campagne 2010, qui, selon les responsables du secteur, a mis à rude épreuve le vrai savoir-faire des thoniers algériens. Cette approche n’est pas entièrement partagée par les observateurs du secteur, comme les pratiques illicites ne dévoilent pas leurs vraies recettes dans ce créneau. Une réalité qui fait de la rencontre de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) devant désigner aujourd’hui les quotas de pêche du thon rouge pour la saison 2011 un non- événement pour les trafiquants. Par ailleurs, une cinquantaine de pays des quatre coins du monde ont pris part durant deux semaines aux négociations portant sur les quotas de pêche du thon rouge. Entamées depuis le 17 novembre à Paris, les conclusions qui désignent les quotas de pêche pour 2011 devraient être connues aujourd’hui.
Alors que les experts ont plaidé pour que les discussions aboutissent à une baisse symbolique des quotas, la divergence des pays négociants n’a laissé aucune possibilité de pronostiquer les quotas de pêche du thon rouge 2011.
Par ailleurs, d’autres observateurs, dont les pays pêcheurs, jugent que ces négociations ne dépassent pas le stade des formalités. Les quotas de l’année 2010 ont été fixés à 13 500 tonnes, soit 8 500 tonnes de moins qu’en 2009. La saison de la pêche avait été réduite à un mois, du 15 mai au 15 juin, ce qui correspond à la période de reproduction de cette espèce de prédateurs migrateurs qui peuvent atteindre plusieurs centaines de kilos à l’âge adulte.
Par Yasmine A.