L’Algérie vient de franchir une étape décisive dans son programme de sécurisation des ressources en eau. La station de dessalement « Cap Djinet 2 », située à Boumerdès, a officiellement atteint sa pleine capacité opérationnelle, avec une production quotidienne de 300 millions de litres d’eau potable. Cette mise en service, annoncée jeudi par Sonatrach, intervient après plusieurs mois d’essais techniques, de contrôles de qualité et de tests mécaniques destinés à garantir la conformité du site aux normes internationales les plus strictes.
Inaugurée en mars 2025 par le Président de la République, la station illustre la volonté du pays de réduire sa dépendance aux aléas climatiques et de répondre durablement aux besoins croissants en eau potable d’une population en pleine expansion.
Un programme national ambitieux et inédit
« Cap Djinet 2 » n’est pas un projet isolé. Elle s’inscrit dans un programme national de grande envergure comprenant cinq stations stratégiques réparties à travers le territoire : Fouka 2 (Tipaza), Cap Djinet 2 (Boumerdès), Koudiet Draouch (El Tarf), Tighremt (Béjaïa) et Cap Blanc (Oran).
Certaines de ces infrastructures fonctionnent déjà à plein régime. La station de Fouka 2, par exemple, produit 300 000 m³ par jour pour alimenter les wilayas de Tipaza, Alger et Blida. De son côté, Koudiet Draouch, dans l’est du pays, a commencé à délivrer la même capacité dès août 2025. Quant à Tighremt (Béjaïa), elle a entamé une phase de montée en puissance, atteignant déjà 90 000 m³ par jour, avant d’atteindre son objectif de 300 000 m³.
Au total, ces installations permettront à l’Algérie de disposer d’une capacité de production de 3,7 millions de m³ d’eau dessalée par jour, faisant du pays le leader africain et le deuxième au niveau arabe, derrière l’Arabie saoudite.
Des retombées économiques et environnementales majeures
Au-delà des chiffres, ces stations représentent un investissement stratégique pour la souveraineté nationale. Elles réduisent la pression sur les ressources en eau douce, fragilisées par la sécheresse et le changement climatique, tout en garantissant un approvisionnement régulier pour des millions de foyers.
Pour Sonatrach, ces projets traduisent également la montée en compétence des ressources locales. Conçues et réalisées avec une forte participation des ingénieurs et techniciens algériens, les stations démontrent la capacité du pays à maîtriser l’ensemble du processus, de l’étude à l’exploitation.
Enfin, ces réalisations s’inscrivent dans une démarche de développement durable : elles visent à protéger la santé publique, à soutenir la croissance démographique et industrielle, et à offrir à l’Algérie un avantage stratégique dans un contexte régional marqué par la raréfaction de l’eau.
L’Algérie accélère sa marche vers l’indépendance hydrique
Confrontée à une sécheresse récurrente et à des précipitations de plus en plus irrégulières, l’Algérie a fait de la sécurité hydrique une priorité nationale. L’objectif est clair : atteindre une forme d’indépendance dans l’approvisionnement en eau potable, afin de réduire la vulnérabilité du pays face aux aléas climatiques. Pour y parvenir, l’État a engagé un vaste programme combinant barrages, interconnexions hydrauliques et surtout dessalement de l’eau de mer, solution appelée à jouer un rôle central dans les années à venir.
En 2024 et 2025, plusieurs usines de dessalement ont été inaugurées sur le littoral algérien, notamment à Boumerdès, Tipaza, El Tarf, Oran et Béjaïa. Ces infrastructures, capables chacune de produire près de 300 000 m³ par jour, permettent déjà de transformer en profondeur l’équilibre de l’approvisionnement. La part de l’eau dessalée dans la consommation nationale devrait passer de 18 % à plus de 40 % d’ici fin 2025.
Au total, 25 stations de dessalement sont désormais en service dans quatorze wilayas côtières, et sept autres sont en cours de réalisation. Grâce à ce programme, l’Algérie se place parmi les leaders régionaux dans le domaine, juste derrière l’Arabie saoudite au niveau arabe.