L’Algérie compte 45 partis politiques,Trop de partis ne tue-t-il pas le politique?

L’Algérie compte 45 partis politiques,Trop de partis ne tue-t-il pas le politique?
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«Est-il normal de créer autant de partis politiques?»

«On doit se questionner quant à la finalité de création, en un temps record, d’un nombre aussi important de partis politiques.»

Suite à l’agrément de nouveaux partis, l’Algérie compte 45 partis politiques. A cet effet, est-ce que l’existence de 40,50 ou même 100 partis politiques est bénéfique pour la société algérienne? Est-ce que cela fait avancer la liberté et la citoyenneté? Dans un pays où l’analphabétisme sévit toujours, cette profusion des partis politiques n’est-elle pas un handicap? Les citoyens s’interrogent si ce pullulement politique ne tue pas le politique? En fait, ne risque-t-on pas d’avoir une overdose de politique? Karim, ancien militant FLN, retraité, affirme que «de nos jours, créer un parti politique relève d’un simple jeu, peut-on dire». Ainsi, «les fondements requis pour la création d’un parti politique dans notre pays ne sont qu’accessoirement mis en application, pour ne pas dire qu’il n’est pas du tout tenu compte aujourd’hui. C’est le constat manifeste observé sur le terrain politique algérien», explique-t-il. Pour lui, «d’abord, est-ce que c’est normal de créer tout ce nombre de partis politiques et en quoi cela pourrait servir les intérêts bien compris d’une nation?» Et d’ajouter: «Personnellement, je ne vois pas en quoi ça va servir la société algérienne ou son devenir démocratique». Quant à Malika, enseignante elle dira: «De toute évidence, on peut dire que la précipitation remarquée dans cette façon de procéder n’est pas du tout conforme au minimum exigé auprès des pays développés.» «Puisque ceci est une réalité constituant, hélas, un fait accompli, on doit se questionner quant à la finalité et à l’opportunité de créér, en un temps record, un nombre important de partis politiques, souvent à caractère groupusculaire», poursuit-elle. A se référer au postulat affirmant que chaque parti politique est fondé sur ses propres principes, sur sa propre politique, sa propre vision et conviction des aspects de la vie, peut-on alors avancer que l’existence de plusieurs voies et moyens sortira cette chère Algérie de son sous-développement? Est-ce un signe de bonne santé démocratique? Pour Majid, comptable: «Certes, la réponse n’est pas du tout aisée surtout quand il s’agit d’en convaincre l’écrasante majorité des Algériens et les motiver réellement à se retrousser les manches et à se mettre au travail, uniquement sinon principalement, en vue de servir l’Algérie.» Pour Hakim, jeune employé: «Au demeurant et sans philosophie, n’est-on pas dans l’impérieuse nécessité de dépasser nos multiples divergences et d’avancer en guise de base de départ de tous les aspects partagés en toute évidence pour disposer d’abord d’une sorte de «rampe de lancement».» «44 partis politiques, c’est vraiment exagéré! A mon avis, il n’y aura plus de place à la vraie politique, impossible, ce qui fait qu’en Algérie on fait tout, à part de la politique», avance-t-il. Quant à Salim, enseignant au primaire: «Ce fait n’a absolument aucun intérêt pour la nation. Les acteurs politiques en Algérie, sans exception, ont échoué dans leur mission sur tous les plans». Et «devant les mensonges de certains partis politiques, est-il vrai que la souveraineté appartient au peuple?», demande-t-il. Malika, pour sa part, pense que «ce sont les mêmes marionnettes qui occupent des postes à vie! Je crois que la création de cet important nombre de partis est un nouveau format de nomadisme politique qui n’a aucune relation avec la véritable politique qui a ses principes». Et d’ajouter: «Le pluralisme politique algérien n’a jamais tenu ses promesses démocratiques, croyez-vous que ces partis qui poussent comme des champignons vont prendre en charge les attentes populaires?» s’interroge-elle. Par ailleurs, Mohamed, comptable, croit qu’«évidemment cette ouverture est une bonne chose pour établir un Etat de droit et de démocratie en faisant face aux vrais problèmes que vit l’Algérie». «Néanmoins, pratiquement, tous les partis ont un même programme tant que les nouveaux partis sont généralement transfuges des partis qui existent déjà», souligne-t-il. Idem pour Kahina qui considère que «c’est une bonne chose parce que ça va permettre d’avoir une richesse d’idées, ce qui donnera le choix aux citoyens de faire leur devoir civique selon leurs idéologies ainsi que de participer à la vie politique». Toutefois, pour elle, «le véritable problème en Algérie est le leadership. C’est dire que tout le monde veut créer son propre parti sans prendre en compte d’autres considérations, à savoir l’intérêt public ainsi que la politique elle-même». Elle affirme que «le plus important est la qualité des gens qui vont occuper les postes. Ces derniers doivent être choisis en fonction des aptitudes à diriger une nation et non par affiliation». A ce propos, sommes-nous d’accord pour affirmer que l’Algérie, qui dispose de nombreux et précieux atouts, a déjà perdu énormément de temps, d’occasions et de moyens sans décider encore d’entamer sa sortie du sous- développement?