L’Algérie célèbre demain Yennayer, Un repère à officialiser

L’Algérie célèbre demain Yennayer, Un repère à officialiser

Le couscous s’invite en ce jour de fête

Plusieurs civilisations y sont passées, y sont restées des siècles durant, l’une après l’autre, mais jamais le peuple amazigh n’a été exterminé.

Les pays de l’Afrique du Nord en général, l’Algérie en particulier, célèbreront demain le premier jour de l’An berbère, le 1er Yennayer 2965.

Une occasion pour se rappeler l’identité authentique des peuples de ces pays qui remonte à plusieurs millénaires. En Algérie, l’événement est célébré dans plusieurs régions du pays où des festivités sont organisées.

Mais le seul point noir qui reste est le déni officiel qui frappe ce repère de l’identité nationale. Au moment où l’on souhaite l’inscription de cette date dans le patrimoine universel de l’humanité, ce premier jour de l’An berbère n’est pas encore officialisé et inscrit dans la nomenclature des fêtes légales et des journées fériées que célèbre notre pays. Les militants de la cause ne demandent, en effet, que la reconnaissance du 1er Yennayer au même titre que le 1er Moharem du calendrier hégirien et le 1er janvier du calendrier grégorien.

La revendication a évolué ces dernières années, à côté de celle liée à l’officialisation de la langue amazighe. Si dans les année 1970 et 1980, les défenseurs de la cause amazighe activaient dans la clandestinité, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Si pendant ces années sombres de la répression identitaire, les militants portaient presque seulement des noms et des prénoms, aujourd’hui ils portent les sigles et acronymes de grandes associations. Des partis politiques et des organisations de la société civile font de la question leur cheval de bataille. La revendication a évolué à tel point que même le FLN, ex-parti unique, en demande la reconnaissance.

Le député, membre du comité central et mouhafedh du parti dans la wilaya de Tizi Ouzou, Saïd Lakhdari, ne rate plus aucune occasion pour insister sur la nécessité de réhabiliter l’identité nationale. Lors d’une réunion du secrétaire général avec les parlementaires, il y a quelques semaines à Alger, il a appelé à l’officialisation de tamazight. «Il est grand temps de le faire», répète-t-il à chaque fois. Le secrétaire général du FLN en a lui même formulé la revendication par la suite. Aujourd’hui, M. Lakhdari demande la reconnaissance de Yennayer comme fête nationale.

Le FFS aussi demande l’officialisation de la date, via son groupe parlementaire qui a introduit une proposition de loi dans ce sens il y a plus d’un an. Devant la «négligence» opposée par le gouvernement à cette proposition, le groupe parlementaire du plus vieux parti de l’opposition a demandé, il y a quelques jours, au président de l’APN des explications sur le non-renvoi de la proposition à la commission compétente.

Pour sa part, le Haut Commissariat à l’amazighité (HCA), institution qui relève de la présidence de la République, oeuvrera désormais à l’officialisation de Yennayer ainsi qu’à son inscription dans le patrimoine universel de l’Unesco. En tout cas, amenzu n Yennayer ne sera pas uniquement une occasion où les traditions, qui diffèrent d’une région à une autre, seront célébrées. Il est aussi un moment pour s’imprégner de l’Histoire profonde de toute la région de l’Afrique du Nord, car Yennayer est aussi, en plus d’être un symbole et un repère identitaires, une mémoire et une histoire. C’est ce jour-là, il y a 2965 ans, que Chechnaq a pris l’Egypte, avant d’aller à la conquête des pays du Proche-Orient et de fonder sa dynastie pharaonique. Depuis, l’histoire des Berbères et de l’Afrique du Nord est tumultueuse. Elle s’est vu traversée par des Massinissa, Jugurtha, Dihia, Chikh Ahedad, Krim Belkacem, Mouloud Mammeri, Matoub Lounès…

Plusieurs civilisations y sont passées, y sont restées des siècles durant, l’une après l’autre, mais jamais le peuple amazigh n’a été exterminé. Il a été écrasé, assimilé, tyrannisé, terrorisé, entraîné dans la décadence mais jamais il n’a cédé. Il a toujours su enfanter les résistants qui, d’une génération à l’autre, se passent le flambeau. Plus que jamais, il cherche à renaître de ces cendres. La preuve en est…