L’Algérie, qui importe pour deux milliards de dollars de médicaments par an, pourrait réduire ses dépenses de moitié, selon le président du Syndicat national des pharmaciens d’officine, Messaoud Belhambri.
« Le pays est en mesure de réduire à 1 milliard de dollars sa facture d’importation en médicaments », a-t-il afirmé hier lors de son passage à l’émission « l’invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio algérienne.
Belhambri reconnaît toutefois qu’il faut encourager et diversifier la production locale mais il faut surtout changer les mentalités des gens en leur apprenant à consommer algérien. « Car, dit-il, 50 ans d’indépendance équivalent à 50 ans d’importation au cours desquels les Algériens se sont habitués aux grandes marques des multinationales. Il faudrait donc les convaincre de la qualité et de l’efficacité des médicaments locaux ».
Pour le président du Syndicat national des pharmaciens d’officine, la réduction des importations de médicaments ne relève pas de l’impossible mais c’est un objectif tout à fait réalisable.
« Les 120 autorisations d’investissements accordées au bénéfice du secteur pharmaceutique et les 140 usines de médicaments sur le point d’entrer en phase de production l’attestent », a-t-il argué en affirmant que si dans trois années, l’Algérie parvient à atteindre un taux de couverture de 70% des besoins du marché local en médicaments et en produits pharmaceutiques, le pays économisera la moitié des sommes habituellement débloquées pour payer la facture des médicaments importés.
Il a rappelé que la production nationale, qui ne couvre que 45% des besoins du marché local, est insuffisante par rapport à nos potentialités et nos capacités et même comparativement aux pays voisins et aux pays arabes tels que l’Arabie Saoudite et la Jordanie, dont l’autosuffisance en médicaments avoisine les 80%.
M. Belhambri insiste sur le développement et la croissance de la production pour répondre aux besoins du marché local, réfutant la thèse selon laquelle le grand nombre d’entreprises de fabrication de médicaments qui seront opérationnelles, à terme risquent de provoquer une saturation de la production.
« La régulation du marché se fera d’elle-même après la phase d’apprentissage et de perfectionnement qui sont « indispensable » et les opérateurs pourront même exporter l’excédent vers l’Afrique et les pays arabes ». « Certains fabriquants le font déjà », a-t-il argué.
Mais pour promouvoir une industrie pharmaceutique, l’hôte de la radio recommande vivement l’introduction de la filière industrie pharmaceutique dans les universités, qui est malheureusement inexistante. Il a également appelé à l’instauration de liens de partenariat entre les producteurs de médicaments et les chercheurs.
Belhambri reste confiant quant au développement de l’industrie pharmaceutique en Algérie en soulignant que des opérateurs, qui ne faisaient précédemment qu’importer des médicaments puis les conditionner, se sont, depuis, lancés dans leur fabrication à demeure, « ce qui est en soi prometteur », s’est-il réjoui. Outre la fabrication des médicaments, le président du Syndicat national des pharmaciens d’officine affirme qu’il faut aussi penser à la production de la matière première au lieu de l’importer.
Il a affirmé par ailleurs que les besoins du marché local en médicaments sont appelés à augmenter en raison du vieillissement de la population, du prolongement de l’espérance de vie et de la hausse des maladies chroniques, d’où l’intérêt pour l’Etat de renforcer les mesures incitatives sur le plan administratif et fiscal pour encourager la production et la diversification du générique.