« On a simplement voulu montrer, sans porter de jugement. » L’une des auteurs, Feriel Ben Mahmoud, l’assure : « Ce n’est pas un livre idéologique. » Et pourtant, raconter l’Algérie sous le colonialisme français n’était pas chose facile.
Avec Michèle Brun, elles ont accompli leur tâche avec profondeur et sincérité. Entre nostalgie, analyse et images, c’est l’histoire de la plus grande colonie française qu’elles ont fait revivre sur papier glacé. La période ? de 1850 à 1950. L’auteur s’explique : « Avant 1850, les photos sont rarissimes et après ce n’est plus la même histoire, la société était bouleversée par la guerre. »
En fait, tout a commencé par une histoire de passion.
L’une est une experte et l’autre une pied-noir. Feriel Ben Mahmoud, historienne et réalisatrice, est spécialiste du Maghreb et de la colonisation. Michèle Brun, sa professeur d’antan, est collectionneuse et chercheuse passionnée.
Elle a vécu trente-cinq ans au Maghreb. Leur ardeur les a ainsi réunies pour créer leur bébé. « Un livre qui porte l’héritage des pieds-noirs et des Algériens », confie Feriel. « Il est l’identité de Michèle », précise-t-elle. Car Feriel le sait, la nostalgie des pieds-noirs est forte. Combler cette amertume était « nécessaire pour toute une génération ». Alors, cinq ans durant, Feriel s’est plongée dans les abysses, « les archives de Michèle ».
Commence ainsi le long et périlleux voyage vers le passé. Au final, c’est une épopée au travers de photos et de cartes postales d’époque qu’elle a constituée. Des supports qui en disent autant sur ce qu’ils montrent que sur ceux qui les ont réalisés ou encore ceux qui les envoient. Tout y passe : les traditions orientalistes, le racisme autant que les échanges entre les communautés, la pluralité des religions… En somme, tout ce qui fait de cette plus importante colonie française une société complexe mais diverse. On (re)découvre ainsi l’histoire. Rien d’autre…