L’Algérie est aujourd’hui à l’avant-garde en matière de diplomatie verte. À Cancun, son rôle efficace de coordination et de défense des intérêts de l’Afrique en matière de changements climatiques a été mise en relief par des pays occidentaux. Elle veut se présenter comme un bon exemple en matière de prise en charge des questions environnementales. Cette démarche devrait être encouragée.
Mais en matière de politique intérieure, tout n’est pas aussi rose. Bien que d’énormes efforts aient été accomplis ces dernières années sur ce dossier, la situation reste préoccupante. Grande pollution de l’air dans les grandes villes, rejets de grandes quantités d’eaux usées et de produits chimiques dans la mer et les cours d’eau, trafic sur le sable, dégradation de sites balnéaires, d’espaces verts, invasion de plaines à fort potentiel agricole par le béton. Un désastre écologique dont les générations futures risquent de payer le prix fort.
Si tous ces problèmes ne sont pas pris en charge et de manière efficace, cette diplomatie active de l’Algérie dans le concert international risque de se transformer en diplomatie du vent. Notre pays y perdra ainsi de sa
crédibilité. En un mot, les efforts internes
de lutte contre la pollution devrait appuyer notre dynamisme à l’international dans ce domaine.
Sur le registre de la stratégie industrielle, il est paradoxal que le développement d’une économie verte en Algérie ne soit pas une composante importante de cette feuille de route. Pourtant, il faudrait bien envisager d’encourager les sociétés qui investissent particulièrement le créneau du recyclage des déchets, des biotechnologies, de la fabrication des équipements, des réalisations d’études dans ce domaine. Au lieu d’importer tous azimuts des chaînes de production et maintes et maintes solutions technologiques et services d’ingénierie, il convient de briser cette dépendance qui pourrait représenter à l’avenir une facture importante à l’importation.
Il est paradoxal que l’Algérie ne soit pas présente sur le marché international du carbone, contrairement à la Tunisie et le Maroc. Monétiser l’effort engagé dans ce domaine par l’Algérie pourrait procurer des ressources en devises qui pourraient servir à initier des actions supplémentaires en faveur de l’environnement.