L’Algérie affectée par la baisse des prix du pétrole ,L’Etat entre austérité et obligation de dépenser

L’Algérie affectée par la baisse des prix du pétrole ,L’Etat entre austérité et obligation de dépenser
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Les premiers effets de la chute des prix du pétrole commencent à toucher l’Algérie avec une baisse de 7% des exportations en hydrocarbures. Tout l’enjeu est dans le plan des dépenses publiques qu’adoptera le gouvernement avec des projets non achevés et une agitation sociale qui demande de verser encore de l’argent.

Dans un Etat ou la dépendance aux hydrocarbures est de 96%, la chute des prix du pétrole sur le marché mondial affecte directement la machine de l’exportation, donc le taux de réserves de change. Le gouvernement actuel est pourtant tenu de dépenser pour achever les différents chantiers lancés dans le cadre du quinquennal 2010-2014, en plus d’une importation en hausse et le recours à l’achat de la paix sociale.

Selon des chiffres rendus publics hier par le Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes (Cnis), les exportations algériennes ont atteint 25,04 milliards de dollars (mds usd) les quatre premiers mois 2013, contre 26,89 mds usd durant la même période de 2012, en baisse de 6,88%. C’est le début des conséquences de la chute des prix du pétrole sur l’Algérie. Le Cnis explique cette baisse par le recul des exportations, essentiellement par une baisse de près de 9% de celles des hydrocarbures durant cette période. Les cours du brut ont reculé durant les premiers mois de cette année, notamment en avril dernier où ils sont passés sous le seuil des 100 dollars le baril. Cette baisse des exportations des hydrocarbures de l’Algérie vient confirmer la sonnette d’alarme tirée par l’argentier du pays, Karim Djoudi, relative à la prudence dans la gestion des deniers publics.

Il y a une semaine, le ministre des Finances a déclaré que la tendance à la baisse que connaissent actuellement les prix mondiaux du pétrole conduit l’Algérie à adopter «plus de prudence» en matière de politique budgétaire, avertissant contre l’effet d’une augmentation démesurée des salaires dans les prochaines années.

Il est à noter que malgré cette crainte, le gouvernement prépare un projet de loi de finances complémentaire pour ce 2013, une mesure devenue une habitude incontournable pour compléter les dépenses introduites dans le cadre des lois de finances ordinaires. D’autre part, plusieurs ministères ont reçu une correspondance du ministère des Finances pour préparer leurs demandes et besoins dans le cadre du budget de l’Etat de 2014. Selon des sources concordantes, aucune instruction n’évoque l’adoption d’un plan d’austérité. Ainsi, le gouvernement actuel ne peut s’empêcher de dépenser puisque la conjoncture interne oblige à verser de l’argent public avec, notamment, les dépenses importantes décidées à l’égard des populations du Sud, dont la réalisation du tramway de Ouargla, confiée aux groupements espagnol Rover Alcia/Assignia Elecnor et français Alstom pour plus de 420 millions de dollars, la généralisation de l’octroi de crédits sans intérêt aux jeunes, sachant que le taux d’intérêt sera pris en charge par le Trésor public.

Il ne faut pas oublier également les infrastructures annoncées lors des différentes visites effectuées dans sept wilayas par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, attendu les prochains jours à Batna. Il y a aussi le budget d’équipement qui est appelé à connaître une hausse avec notamment la réévaluation des projets du programme de soutien au développement économique lancé en 2010 avec plus de 250 milliards de dollars. A la fin de ce quinquennat, la somme aura augmenté car beaucoup de projets ne sont pas finalisés, notamment ceux concernant le logement, l’autoroute Est-Ouest, le transport et autres.

Par Nacera Chennafi