Salles de sports, boulangeries, cuisines, salles de soins, cabinets dentaires, blanchisseries, douches, bibliothèque, aires de jeux… Un hôtel ? Non. Un centre de vacances ? Que nenni.
Tout «simplement» la nouvelle prison de Bordj Bou Arréridj officiellement ouverte avant-hier. Elle est la première à être conçue selon les normes internationales. Suivez le guide.
De l’extérieur, cette maison d’arrêt, d’une capacité de 2000 places, bénéficie d’une architecture moderne. Avec une clôture de 9 mètres de haut, la façade ne contrarie point l’environnement urbain : pas de remparts barbelés, ni de miradors perchés ou autres éléments susceptibles d’effrayer les passants.
L’intérieur est spacieux. Il composé de 214 salles collectives et 210 cellules individuelles. «Nous disposons aujourd’hui d’une structure qui répond parfaitement aux normes et aux standards internationaux en matière de prise en charge et de réinsertion des détenus. Nous leur offrons une prise en charge sanitaire de qualité ainsi que des espaces adéquats pour leur formation», a indiqué le directeur général de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion Mokhtar Felioune. «Le concept appliqué à cet établissement diffère totalement avec ce qu’a connu le secteur depuis des années», renchérit le directeur de cette prison, Noureddine Djemoui.
Surplombant la périphérie de la ville de Bordj Bou Arréridj, la gigantesque infrastructure est divisée en 5 parties totalement indépendantes. Les ailes 1 et 2 sont réservées à l’accueil et au dispatching des détenus. C’est également dans cette zone que se trouvent les espaces consacrés aux familles. Les zones de détention sont situées au niveau des ailes 3, 4 et 5. Elles ont chacune leur configuration en matière d’hébergement. Des chambres de 10 détenus pour l’aile 3, des chambres de 4 pour l’aile 4 et des cellules individuelles pour l’aile 5. Ici, chaque prisonnier a un espace de 9 m2.
A cela s’ajoutent les salles de détention en commun, le bloc des femmes, les pavillons des hommes, les cellules d’isolement, la cuisine, la cantine, la buanderie, les ateliers de formation professionnelle, les classes de cours et le centre d’examens BEM et BAC. Pour le must, des écrans plasma accrochés au mur des salles collectives diffusent uniquement les programmes de l’ENTV. Autres services : les détenus pourront bénéficier des soins dentaires. En outre, les pavillons 1 et 2, d’une capacité de 1460 prisonniers, repartis en 188 salles, sont dotés même de centres de réanimation.
Le pavillon 4 réservé aux femmes est tout aussi bien équipé : une infirmerie, un laboratoire d’analyses, une cuisine, une boulangerie, une blanchisserie automatique, deux ateliers de formation professionnelle, des classes pour l’enseignement général et l’alphabétisation plus une bibliothèque, une salle d’informatique, sans oublier les aires de jeux.
DES NORMES DE SÉCURITÉ STRICTES
Mais ne croyez pas que l’établissement est un lieu de villégiature. Ici aussi les normes internationales sont appliquées strictement pour ce qui est de la sécurité. «Même les lampes et les carreaux de fenêtres sont anti-vandales», précise son directeur. Plus encore : le parterre est fait de résine de couleur verte. «En cas d’insurrection, les détenus ne trouveront pas de carrelage pour commettre des actes délictueux», observe le DG.
Cette «prison chic», pour reprendre les propos d’un détenu, est conçue pour recevoir toutes les catégories de détenus. Le pavillon des transitaires, d’une capacité de 50 personnes, est constitué de quatre salles, 10 cellules, 18 douches, deux salons de coiffure et deux salles de soins. «Les admis dans cette zone, tout près de l’entrée ou de la sortie, restent près d’une semaine en observation. Ils bénéficient de soins corporels et psychologiques avant d’être orientés vers des salles ou cellules qui leur sont adéquates», explique M. Djemoui. L’architecture de la prison fait que des prisonniers en sortent sans jamais avoir vu les autres détenus.
«C’EST COMME SI JE RETROUVAIS MA LIBERTÉ»
Les quelque 200 prisonniers qui occupent actuellement les lieux ont été transférés à partir de l’ancienne prison de ladite wilaya, de Sétif et de Biskra. Ils ne cachent pas leurs satisfactions. Plus, ils «se réjouissent» des ateliers de formation, des salles de cours, de douches… et de toutes les autres commodités. B. T. 38 ans, originaire de Sétif, condamné à 5 ans de prison ferme pour vol, ne va pas par quatre chemins. «Ici, nous savourons les espaces, les livres et surtout les différents terrains. Je suis conscient de ce que je dis.
Dans la prison où j’étais, on s’entassait à 120 personnes dans une salle de 10. C’est comme si je retrouvais ma liberté». Son colocataire, R. H., venu de Bordj Bou Arréridj lance «Allah Ibarek» en affichant sa grande satisfaction par rapport aux conditions dans lesquelles il prépare son examen de Baccalauréat.
Ces conditions idéales sont attendues par les 56.000 détenus incarcérés dans les différents établissements pénitentiaires du pays. L’Algérie compte ainsi achever 12 autres prisons du même type d’ici la fin de l’année.